Le musulman écossais, le maronite libanais… Le vide prend notre mesure

Le Parti national écossais a annoncé l’élection de Hamza Yusuf, 37 ans, à sa tête, succédant à Nicola Sturgeon, qui a annoncé sa démission de la direction du parti et donc du Premier ministre. Cela fera de Hamza le premier Premier ministre (musulman) d’origine pakistanaise en Écosse, et il sera le premier chef d’une minorité ethnique dans un gouvernement délégué britannique. Youssef a été secrétaire à la Santé dans le gouvernement Sturgeon, est l’un des jeunes visages en forte hausse du Parti national écossais et représente la ville de Glasgow au Parlement. Hamza Harun Yusuf est né le 7 avril 1985. Son père est Muzaffar Yusuf qui est né au Pendjab, au Pakistan et a immigré en Écosse avec sa famille en 1960. Sa mère, Shaitsa Buta, est née au Kenya et vient d’une famille sud-asiatique. Père d’une fille et marié à une infirmière musulmane, Youssef se présente sans problème avec sa mère, ses sœurs et sa femme, toutes voilées.

Avant Hamza, Sadiq Khan, d’origine pakistanaise, avait été élu maire de Londres. Et Rishi Sunak (42 ans) est l’ancien secrétaire au Trésor britannique, chef du Parti conservateur et aujourd’hui Premier ministre britannique… Sunak est né à Southampton en 1980 dans une famille d’immigrés d’Afrique, père d’un médecin et mère d’un pharmacien. Les parents de Sonak sont originaires d’Afrique de l’Est, tous deux d’origine indienne et de religion hindoue. En 2009, il épouse Akshata Murty, fille du milliardaire indien Nagavara Narayana, fondateur de la société technologique Infosys…

L’émergence de personnalités politiques en Grande-Bretagne dont les origines se trouvent dans le tiers-monde ou les pays en voie de développement fait suite à l’émergence d’importantes figures littéraires et romanesques, le somalien Noureddine Farah, l’égyptien Ahdaf Soueif, le libyen Hisham Matar, le noble tanzanien Abd al-Razzaq Garanh , le Pakistanais Hamid Qureshi, sans oublier l’Indien Salman Rushdie, et cela fait partie de la révolution britannique de la diversité culturelle à l’ombre de l’immigration.

L’évocation de ce discours, circulant dans l’actualité et sur la communauté Facebook, n’a pas vocation à faire l’éloge du Royaume-Uni, l’ancien empire qui a désormais élu des expatriés ou des personnalités de ses anciennes colonies pour prendre les rênes et le cours de la politique dans le démocraties les plus anciennes du monde… L’objectif est plutôt de réfléchir sur les conditions de la présidence libanaise, son sort, le regard des dirigeants maronites sur les personnalités nommées, voire le regard d’autres sectes anti-présidentielles, dont nous avons entendu d’innombrables rumeurs et rumeurs selon lesquelles il n’a aucun pouvoir.

Nous sommes face à une réalité absurde au Liban, ou comme si nous vivions la pièce « Les Chaises » de l’écrivain roumain Eugène Ionesco, qui est devenue un texte classique et un symbole du théâtre de l’absurde (l’absurde). « Les Chaises » raconte l’histoire de deux vieilles femmes qui s’apprêtent à recevoir des invités afin de leur transmettre un message, elles empilent donc les chaises une à une sans révéler sur qui seront assis les invités. Les invités affluent un par un, et leur présence matérialise les chaises vides sans personne assise, et la vieille femme ne cesse de demander à son mari : tu as invité tout le monde ? Les chaises vides sont empilées côte à côte, et la vieille femme s’apprête à recevoir le colonel, l’empereur, la première dame et Belle, comme il se doit. Puis sa chaleur se transforme en quelque chose comme un cauchemar alors qu’elle demande à son mari : Qui sont-ils, ma chérie ? sans arrêter de paver les chaises. La question demeure : quel est le message que les deux vieillards veulent faire passer comme une matière incontournable et nécessaire ? Dans la pièce de Ionesco, le spectateur est confronté à la vérité amère et déraisonnable, le chaînon manquant entre les personnes. Tout ce qui se passe sur scène n’a pas de sens, mais cela traduit la banalité de la vie. L’UNESCO admet que le sujet de la pièce n’est ni le message, ni les déceptions de la vie, ni l’effondrement de la morale des personnes âgées, mais les chaises, c’est-à-dire l’absence de personnages et le vide métaphysique. Dans une interview avec le journaliste Guy Dumore dans le magazine « Express », Ionesco confirme que le thème de la pièce tourne autour de l’irréalisme du monde et que la présence de chaises vides exprime l’absence ou que nous vivons au milieu d’un monde qui disparaît , ou cela doit disparaître. Peut-on dire qu’au Liban nous sommes face à un vide présidentiel, que nous vivons au milieu d’un pays qui disparaît ?

La situation est que depuis l’existence de la présidence de la République libanaise, et surtout depuis l’indépendance, un problème éternel est passé de ce qui aurait dû être une bénédiction à une malédiction, que ce soit par l’intervention de grands pays pour l’achever, ou l’imposition d’un cahier des charges , ou les disputes locales, maronites-maronites et libano-libanaises à ce sujet … Bashir Gemayel a mené le coup d’État le plus long pour la présidence avec des slogans féroces et larges, et à la fin il n’a pas régné de toute façon. on a parlé de lui. Michel Aoun a mené les guerres les plus féroces pour l’accaparer et finalement il n’a pas régné… la première fois, c’est-à-dire le lendemain de la déclaration de guerre contre Hafez al-Assad et les « forces armées libanaises » et consorts, c’est il a traversé une mer de crises et de blessures profondes. Et la seconde fois, il a passé son règne comme s’il n’était que le prolongement d’un vide long et profond, historique ou théâtral, plutôt que son règne a été une étape privilégiée pour l’explosion de crises monétaires et économiques qui n’ont pas besoin d’être décrit… Bref, Aoun était le créateur du vide historique et meurtrier. Supposons que le régime syrien ou le gardien international ait fait de la première présidence post-Taëf une farce. Au lendemain du départ de l’armée syrienne en 2005, nous sommes confrontés à un autre aspect de la présidence, celui qui se manifeste dans l’impasse et le vide…

En Grande-Bretagne, il existe un critère simple dans les élections, reflété dans la citoyenneté et les lois qui permettent à une personne d’atteindre des positions avancées sur ses mérites, et les parlements les tiennent responsables, les élèvent ou les font tomber … Dans les quartiers libanais, le Parlement est par responsabilité et hors rôle, il n’est qu’un prolongement d’esprits extérieurs, ou Un chœur n’est qu’un récepteur et non son propre maître au moment de conclure de grands règlements… « Familles Mentales », comme certains aiment à les appeler , chaque famille ou groupe veut le président tout seul moi ou personne, moi ou pas président… Le Hezbollah, l’électeur le plus en vue et le plus influent, veut un président qui ne défie pas la résistance, et avec cette phrase il dit implicitement et puis déclarativement : nous voulons Suleiman Franjieh comme président, cela veut dire que nous sommes d le président. Le critère pour l’élection de Franjieh par le Hezbollah n’est pas sa légitimité ou son génie, mais sa fidélité à la « résistance » et son amitié avec la famille Assad. Le Hezbollah a participé à l’obstruction pendant plus de deux ans pour imposer Michel Aoun comme président, et il peut faire de même pour Franjieh. L’Arabie saoudite, qui s’est réconciliée ou s’est réconciliée avec l’Iran, ne cesse de parler de la « qualification » du président libanais. La France veut un président aux diktats de ses intérêts pétroliers. Gebran Bassil pense qu’il finira politiquement s’il n’élit pas le président lui-même ou par sa taille, il se bat donc contre la plupart des candidats forts, et bien qu’il ait promu le plus fort de son culte, il préfère maintenant une personne marginale en termes de la Popularité. Samir Geagea se bat pour empêcher Basil et Franjieh d’accéder à la présidence. En conclusion, si l’on veut emprunter l’expression poétique, le vide « prend notre mesure ».

Andrien Barre

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