Altaf Moti – Poste arabe
Le nouveau gouvernement turc, dirigé par le président Recep Tayyip Erdogan dans son troisième mandat, est confronté à un environnement de politique étrangère complexe et difficile. Les relations de la Turquie avec ses alliés traditionnels de l’OTAN et de l’Union européenne ont été tendues sur diverses questions telles que le conflit syrien, la crise des réfugiés, le conflit en Méditerranée orientale et l’accord sur les missiles S-400 avec la Russie. Dans le même temps, la Turquie a cherché à étendre son influence et ses intérêts dans des régions telles que le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie centrale et le Caucase.
Dans ce contexte, quelles sont les priorités de politique étrangère du nouveau gouvernement turc ? Sur la base de déclarations et d’actions récentes de responsables turcs, ainsi que d’analyses d’experts et d’observateurs, certaines des principales priorités peuvent être résumées comme suit :
Amélioration des relations avec les États-Unis
La Turquie et les États-Unis sont alliés depuis des décennies, mais leurs relations se sont détériorées ces dernières années à cause d’une série de désaccords. Il s’agit notamment de l’achat par la Turquie du système de défense aérienne S-400 de fabrication russe, que Washington considère comme une menace pour la sécurité de l’OTAN et a imposé des sanctions à Ankara, et de l’intervention militaire de la Turquie dans le nord de la Syrie contre les forces kurdes soutenues par les États-Unis en tant que partenaires dans la lutte. contre l’Etat islamique, et l’implication de la Turquie dans la guerre civile libyenne et son soutien au gouvernement. Internationalement reconnu à Tripoli contre un chef de guerre soutenu par les États-Unis
L’intensité des recherches gazières de Khalifa Haftar et de la Turquie en Méditerranée orientale a alimenté les tensions avec la Grèce et Chypre, tous deux membres de l’Union européenne et de l’OTAN.
Le nouveau gouvernement turc a montré sa volonté de combler le fossé avec Washington et de trouver un terrain d’entente sur ces questions. Par exemple, la Turquie a proposé de former un groupe de travail conjoint avec les États-Unis pour résoudre le différend S-400. En outre, la Turquie a salué la reconnaissance par l’administration Biden du génocide arménien en tant que fait historique et s’est abstenue d’intensifier la rhétorique ou de riposter. Le nouveau gouvernement turc espère capitaliser sur son partenariat stratégique avec les États-Unis pour faire avancer ses intérêts dans d’autres domaines et parvenir à un équilibre dans ses relations avec la Russie.
Reprise de l’engagement pour l’Europe :
Les relations de la Turquie avec l’Europe ont également souffert de la méfiance mutuelle et de l’insatisfaction sur diverses questions. Il s’agit notamment du processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, qui stagne depuis des années en raison d’obstacles politiques et d’un manque de réformes, et de la politique étrangère affirmée de la Turquie dans des régions comme la Méditerranée orientale, la Libye, le Haut-Karabakh et la Somalie, qui la met souvent en porte-à-faux avec l’Europe intérêts et valeurs.
Le nouveau gouvernement turc a exprimé sa volonté de renouer avec l’Europe et de relancer la candidature à l’adhésion à l’Union européenne. Par exemple, la Turquie a repris les pourparlers avec la Grèce pour désamorcer les tensions en Méditerranée orientale et explorer les options de coopération sur les questions énergétiques et de sécurité.
La Turquie a également exprimé son soutien à une solution politique au conflit libyen sur la base de la feuille de route soutenue par l’ONU et a participé à des dialogues régionaux avec l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Égypte. En outre, la Turquie s’est engagée à respecter l’État de droit et les normes relatives aux droits de l’homme et à mettre en œuvre des réformes judiciaires qui répondraient à certaines des préoccupations soulevées par l’Europe.
Renforcement de la coopération régionale
En outre, la Turquie mène une politique étrangère plus active et diversifiée dans son voisinage et au-delà, dans le but de renforcer son influence et son leadership régional. Il a souvent adopté une approche proactive, s’appuyant sur ses capacités militaires et ses instruments à puissance douce.
La Turquie a également essayé de construire des alliances et des partenariats avec différents acteurs qui partagent sa vision ou ses intérêts. Par exemple, il a développé des liens étroits avec le Qatar en tant qu’allié stratégique dans la région du Golfe ; Il a soutenu l’Azerbaïdjan dans sa guerre contre l’Arménie sur le Haut-Karabakh ; Elle a soutenu la Somalie dans sa guerre contre le terrorisme et les efforts de développement, et a servi de médiateur entre les dirigeants militaires et civils au Soudan après le coup d’État. Elle a défendu les droits de la Palestine contre l’agression israélienne et a proposé d’accueillir des pourparlers de paix entre l’ancien gouvernement afghan et les talibans. Le nouveau gouvernement turc a l’intention de poursuivre et d’élargir la coopération régionale et de jouer un rôle constructif dans la résolution des conflits et la promotion de la stabilité.
Gestion des relations avec la Russie
La Turquie et la Russie entretiennent une relation complexe et contradictoire qui se caractérise à la fois par la coopération et la compétition. Par exemple, la Turquie et la Russie ont coopéré à la construction du gazoduc TurkStream et de la centrale nucléaire d’Akkuyu, la Turquie et la Russie ont coopéré au processus d’Astana pour trouver une solution politique à la crise syrienne, la Turquie et la Russie ont conclu un accord de cessez-le-feu pour mettre fin à la les combats en Libye, et la Turquie et la Russie ont créé conjointement un centre de surveillance pour superviser la mise en œuvre de l’accord de paix du Haut-Karabakh.
D’autre part, la Turquie et la Russie se sont également affrontées sur leurs différents intérêts et plans dans des régions comme la Syrie, la Libye, l’Ukraine et la mer Noire. Par exemple, la Turquie et la Russie ont soutenu des camps opposés dans la guerre civile syrienne, la Turquie soutenant les rebelles et la Russie soutenant le régime ; La Turquie et la Russie sont intervenues dans le conflit libyen, la Turquie soutenant le gouvernement de Tripoli et la Russie soutenant les forces de Haftar. La Turquie et la Russie ont exprimé des points de vue différents sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine et son adhésion à l’OTAN. La Turquie et la Russie se sont disputées l’hégémonie et l’accès à la mer Noire. Le nouveau gouvernement turc est confronté au défi de façonner ses relations avec la Russie d’une manière qui équilibre sa coopération et sa concurrence ainsi que son affiliation à l’OTAN et son indépendance.
La politique étrangère de la Turquie envers la Chine : Elle est pragmatique et équilibrée, visant à capitaliser sur les opportunités économiques et le partenariat stratégique de la Chine tout en gérant ses valeurs politiques et ses intérêts régionaux. La Turquie est confrontée à un dilemme entre ses intérêts économiques et son soutien aux Ouïghours du Xinjiang, opprimés par la Chine. La Turquie veut également profiter de ses liens avec la Chine pour accroître son indépendance stratégique et son influence dans ses relations avec d’autres puissances telles que les États-Unis, la Russie et l’Europe. Cependant, la Turquie et la Chine ont également des intérêts et des agendas différents dans certains domaines, comme l’Iran, Israël, l’OTAN et l’Inde. La Turquie et la Chine sont également confrontées à des défis dans la gestion de l’opinion publique et des perceptions mutuelles, qui sont influencées par divers facteurs tels que la culture, l’histoire, l’idéologie et les médias.
En résumé, les priorités de politique étrangère du nouveau gouvernement turc reflètent son ambition de poursuivre une politique étrangère multidimensionnelle et indépendante qui sert ses intérêts et ses valeurs nationales. La Turquie veut améliorer ses relations avec ses alliés traditionnels de l’ouest tout en élargissant son influence et ses intérêts dans d’autres régions. La Turquie tient également à renforcer sa coopération et son leadership régionaux tout en gérant ses relations avec les autres grandes puissances. La politique étrangère turque devrait rester dynamique et pragmatique, s’adaptant à l’évolution des circonstances et des opportunités.
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