Les rites de l’Islam dans le cinéma français : des lentilles qui ne cessent de stéréotyper
Un phénomène répété dans plus d’un volume français au cours des trois dernières décennies, jusqu’à ce qu’il forme quelque chose qui s’apparente à al-Qaïda : des erreurs manifestes dans la description des rituels de l’islam pratiqués par les musulmans. Lorsque l’intrigue de la bande appelle la représentation du rôle du « musulman », que ce soit en tant que personnage majeur ou mineur, alors qu’il s’apprête à accomplir ses rituels, nous constatons qu’il les interprète d’une manière qui est incompatible avec ces modalités familières. , comme réciter le Coran en se prosternant, ou confondre les moments d’inclinaison, de position debout et d’assise… menant à des questions. A propos des raisons de la fréquence de ces erreurs et peut-être de la perpétration consciente de ces erreurs -Des fins nobles, mais qui méritent d’être analysées.
Commençons par quelques exemples documentés : Dans la bande Athena (2022) de Roman Gavras, il y a une scène qui ressemble à la prière funéraire mais qui n’a aucun rapport avec les rites funéraires islamiques bien connus. De même le cas du film « L’Italien » (2010) d’Olivier Barrow, dans lequel le héros fait semblant d’accomplir la prière, mais sans tenir compte des mouvements qui lui sont imposés. Et dans le film « Mohamed de Bois » (2013) d’Ernesto Una il y a aussi une scène de prière imprécise, ce qui confirme que ce phénomène apparaît encore et encore dans le cinéma français. Une enquête plus approfondie nous permettra d’identifier davantage de passages, mais nous nous contenterons de cette indication comme preuve de leur fréquence.
Stripes regarde les rituels de l’islam à travers l’œil de l’imaginaire orientaliste
Ce phénomène s’explique d’abord par le regard arrogant, conscient ou inconscient des cinéastes français sur l’islam, ses rituels et ses traditions. De leur mépris implicite à son égard, il ne ressort pas qu’ils fassent le moindre effort pour vérifier dans quelle mesure les scènes filmées sont conformes aux normes religieuses, comme la façon dont on prie, puisque l’arrogance subconsciente les conduit à se contenter de ce que tout le monde sait sur les rituels sans prêter attention aux détails, aux méthodes d’exécution et à l’étiquette, comme si le but n’était que d’insérer une scène. Le rituel réside dans le développement d’entités narratives et visuelles, non dans sa réalité spirituelle.
Quant au second raisonnement, tenu secret, il considère ces erreurs comme une affaire délibérée, dont le but est de montrer ces personnalités, dont les « héros », sous la forme de « religieux » voire d’« extrémistes » qui il ne maîtrise pas les règles de leur religion et ne connaît pas leurs conditions. Les réalisateurs de ces bandes soulignent que la plupart des religieux de la région française ignorent l’étiquette de leur religion et se contentent d’une application ignorante, intentionnelle et supplémentaire de cette déformation du caractère «musulman», bien qu’elle soit nouvelle et émergente dans Le cinéma français est après la participation d’acteurs d’origine arabe accrue et la réalité a changé. Démographiquement et artistiquement dans la société française.
La raison peut aussi être économique, puisque l’embauche d’un consultant spécialisé peut coûter des sommes énormes, que le producteur n’a pas incluses dans le « budget de la bande » pour des raisons financières, notamment parce que les clips de ces rituels sont courts et sont considérés comme tels. Ne mérite pas les budgets et les sacrifices.
Une évocation approximative basée sur la fabrication rapide de stéréotypes
La raison profonde, cependant, réside dans l’imaginaire orientaliste, qui ne considère pas le culte comme un moyen d’émancipation spirituelle, le rendant souvent synonyme d’obscurantisme, d’oppression et de superstition associée au port du noir et à l’isolement. Pour les réalisateurs de ces bandes, il n’est pas approprié que le musulman soit une personne intégrée au tissu social qui ne porte pas de signes distinctifs évidents tels que la barbe et la chemise tombante. Le problème réside dans le stéréotype qui renforce l’exclusion des musulmans.
Ainsi, toutes ces explications conduisent à l’indifférence et à l’indifférence à une dimension que les sensibilités occidentales considèrent comme secondaire et marginale, au sein d’une conscience laïque qui a perdu son rapport aux rituels religieux, et cette conscience signifie, selon l’expression désenchantée de Goldie : sans la dimension magique, selon la traduction de la phrase par Hashem Salih, perpétuant la conscience sécularisée qu’il se soucie peu des rituels, les considérant comme une question de conscience personnelle et il n’est pas nécessaire de les montrer à travers des mouvements externes, ce qui est complètement différent de la perception du concept de rituel dans l’Islam.
Et si nous nous concentrons ici sur le sujet du culte et des sophismes qui y sont associés, ce dernier englobe également les dialectes arabes parlés par les personnages du film : comme de nombreux rôles égyptiens, par exemple, sont joués dans un dialecte algérien et vice versa. Et combien de personnes du grand public ont des mots en arabe classique sur les lèvres, en plus d’autres erreurs dans le choix des vêtements et des signes religieux tels que les turbans, les capes, leurs couleurs et autres éléments soumis à un système sémiotique complexe. Tout cela témoigne d’une représentation approximative et inexacte de la réalité arabo-musulmane résultant d’idées fausses et de stéréotypes que le réalisateur ou l’écrivain ont vus dans les médias sans prendre la peine de vérifier les données, car ils appartiennent à l’Autre lointain « l’Islam est l’Inconnu », comme le dit le titre du livre. Célèbre français écrit par Roji Karatini en 2001.
Ceci, et le contrôle de la conformité de l’exigence technique à la validité des rites religieux, ne fait pas partie des devoirs du critique, ni de ses devoirs de maintenir la compatibilité de l’exécution rituelle avec les doctrines jurisprudentielles, en particulier lorsque la violation est concernée est intentionnel et faisant partie de l’intrigue artistique du volume. Cependant, ce qui nous a poussés à nous pencher sur cette question, c’est la fréquence des échecs presque au point d’être un phénomène satisfaisant, affectant la façon dont le public perçoit l’image du « musulman », qui reste une image très négative et ne contribuent à apaiser l’atmosphère entre les différents groupes de la société française, dont les musulmans et leurs rituels sont devenus partie intégrante. C’est inséparable d’elle, et ce ne sont pas que des « immigrés » qui retourneront un jour dans leur patrie.
* Ecrivain et universitaire tunisien vivant à Paris
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