Cahiers de cinéma : contributions visuelles pour réinventer le monde
Pour comprendre l’importance de la revue « Cinema Notebooks » dans le monde du septième art, il suffit de se pencher sur les noms de quelques auteurs dans lesquels elle a été écrite : François Truffaut, Jean-Luc Godard, Eric Homer, Claude Chabrol, Jacques Rivette, qui comptent aussi parmi les plus grands noms du cinéma en France et à l’étranger du siècle dernier.
Le magazine, qui a été publié pour la première fois en 1951, a conservé son rythme de publication mensuel ininterrompu et sa ligne journalistique et critique exigeante, qu’il a voulu maintenir « en guerre » avec les magazines de cinéma hâtifs et les propositions d’éclairage.
Dans sa réédition il y a quelques jours à peine, Les Carnets du Cinéma fêtent leur 800ème édition avec une double parution (juillet et août) de 116 pages, dont le contenu s’articule autour d’un dossier : comment le cinéma contribue à l’effort de changement et à la réinventer le monde.
Dans son article d’introduction, le rédacteur en chef du magazine, le critique Marcus Ozal, souligne que ce problème découle de deux dictons de deux grands réalisateurs : Godard, dans un article qu’il a publié dans les Cahiers du cinéma en 2000, dit : « Je crois toujours en mon idée que le monde ne peut pas changer et s’améliorer si le cinéma ne peut pas s’améliorer lui-même. » Et David Lynch répondait à une question d’un journaliste du journal français Libération lui demandant pourquoi Interrogé sur la réalisation de films, il a répondu : expérimenter un monde. »
Ozal souligne que la décision des rédacteurs du magazine a été de laisser les cinéastes parler d’eux-mêmes de leurs expériences et de leurs visions, plutôt que de les analyser de l’extérieur, comme en témoigne le fait que la plupart des matériaux de ce double numéro sont des dialogues et des interviews : avec Alice Rohrwacher, Marco Bellocchio, Diodo Hamadi, Wes Anderson, Wang Ping, Erika Balsom, Quentin Tarantino, Ariane Michelle, et bien d’autres critiques et acteurs. Lin et les réalisateurs.
Les propositions de chaque interviewé et de l’interviewé diffèrent dans leur vision de créer un nouveau monde ou « d’améliorer » la situation mondiale actuelle, comme le réalisateur américain Wes Anderson propose des environnements et des mondes autonomes dans lesquels vivre, même s’il s’agit d’un fantasme et d’un rêve, tandis que le réalisateur chinois Wang Ping s’intéresse à critiquer le monde actuel à travers une réinterprétation de l’histoire, tandis que le réalisateur français Bertrand Mandico préfère détourner l’attention du spectateur du monde à travers ses films surréalistes. La misère était réelle et l’a entraînée, bien que temporairement, dans d’autres mondes.
En plus de ce dossier, le magazine consacre ses autres rubriques à la lecture de quelques films récents, comme Anatomy of a Fall de Justin Trier, qui a remporté cette année la Palme d’or au festival de Cannes, et Dry Grass, le nouveau film du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan. Une rubrique a également reconnu l’expérience du réalisateur Jacques Rosier, décédé début juin, en relisant tous les films qu’il avait réalisés.
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