Le rapport de force entre les pays de la région africaine du Sahel et la France, qui cherche en vain une issue après le coup d’État militaire au Niger le 26 juillet, tend à s’aggraver encore davantage.
A l’heure où Paris refuse de reconnaître les nouvelles autorités nigérianes, elle refuse d’abandonner son ambassadeur Sylvain Ait en réponse à la demande des putschistes qui ont renversé le président Mohamed Bazoum, emprisonné dans son palais.
Hier vendredi, le président français Emmanuel Macron a annoncé que l’ambassadeur de France à Niamey était « détenu » par l’armée au pouvoir et qu’il ne mangeait que des « rations alimentaires militaires ».
Interrogé sur la possibilité d’un retour de l’ambassadeur à Paris, Macron a déclaré : « Je ferai ce dont nous serons d’accord avec le président Bazoum, car c’est lui qui détient l’autorité légitime ».
Il dit s’entretenir « tous les jours » avec Bazoum, avec qui il entretient une relation personnelle étroite, selon plusieurs sources proches de la présidence.
Un entêtement irréaliste
De son côté, Bakari Sambi, directeur de l’Institut Tombouctou de Dakar, a déclaré : « L’entêtement irréaliste de Macron, ainsi qu’un discours qui renforce l’impression d’une politique de tutelle, ont conduit à noyer la diplomatie française dans ce dossier ».
Il ajoute : « La crainte que la situation au Niger puisse affecter l’ensemble de la région pèse lourdement sur l’entêtement français. Malheureusement, la France se retrouve dans un cercle vicieux.»
Après 10 ans d’opérations de lutte contre les groupes armés, des soldats et diplomates français ont été expulsés du Mali puis du Burkina Faso l’année dernière.
Depuis, la junte militaire de Bamako fait appel aux services du groupe russe Wagner. Paris n’a plus qu’un allié dans la région : Niamey.
De son côté, Antoine Glaser – co-auteur du livre « Macron’s Africa Trap » – estime que le style d’expression de Macron, « qui manque de plus en plus de diplomatie, trahit une colère extrême. On se rend effectivement compte qu’il est dans le coin et que la France est désormais tombée dans le piège du Sahel.»
Intervention militaire
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a précédemment promis d’intervenir militairement au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel. Mais chaque jour qui passe, dit Glaser, cette possibilité diminue.
Contrairement à la position française, les alliés occidentaux de Paris n’ont pas réussi à parvenir à une telle détermination sur Niamey, se contentant d’exiger une solution diplomatique à la crise pendant que Washington reprenait ses vols de reconnaissance au-dessus du Niger.
Au contraire : selon l’état-major français, « aucune frappe aérienne française n’a été enregistrée » au Niger depuis le coup d’État du 26 juillet.
Quant aux 1 500 militaires français stationnés au Niger, ils n’ont pas bougé leurs marches, leurs hélicoptères ou leurs avions de combat.
L’état-major français a indiqué que le processus de réapprovisionnement des bases françaises se déroulait « dans des circonstances quelque peu compliquées » et a souligné que « nos soldats sont prêts à se débrouiller seuls dans ces camps ».
Mais Michael Shurkin, directeur des programmes de 14 North Strategies, une fondation américaine spécialisée dans les affaires africaines, a souligné que « les forces françaises ne peuvent pas tenir indéfiniment » et a souligné que « la France est dans une course contre les Français ».
Autre signe de l’escalade des tensions, le Burkina Faso a ordonné hier le départ de l’attaché militaire français toujours présent à Ouagadougou, l’accusant d’activités « subversives ».
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