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« Tanaash » Et si les Libanais se parlaient sans ingérence étrangère ?

Le film libanais « Tanaash » figure dans la liste des versions arabes des films étrangers. Il fait suite à son prédécesseur « My Friends and No Dearest », qui a connu un succès notable dans sa version arabe.

Le film présente une réforme judiciaire imaginaire à mettre en œuvre après l’attentat du 4 août. Ainsi, un jury de 12 membres d’origines libanaises différentes sera constitué pour décider du sort d’un réfugié accusé du meurtre d’un militant social. Un verdict impartial contre lui entraînerait sa mort ou prouverait son innocence.

Tariq Yaqoub avec ses collègues Ali Al-Najjar et Ali Shuqair (réalisateur)

Dès les premiers instants du film, il apparaît clairement à quel point ses événements sont étroitement liés à la réalité libanaise. Il est vrai qu’il n’y a pas de jury dans les procès libanais ; Mais il présente une hypothèse claire sur le résultat qui pourrait être obtenu si les Libanais avaient la liberté de communiquer entre eux sans ingérence extérieure.

Le film dure environ 90 minutes et les événements se déroulent dans une salle assez sombre. Douze jurés se réunissent et discutent tout le temps autour d’une table rectangulaire en bois, essayant de parvenir à un verdict approprié pour un suspect de meurtre, ils votent donc d’abord pour le verdict. Lors d’un premier tour, 11 des 12 membres ont décidé de condamner l’accusé pour meurtre. Les tours se répètent et les normes du processus électoral sont inversées plus d’une fois. En fin de compte, ils parviennent à une décision unifiée qui met fin au débat sur la question.

Le texte du film (libanais) véhicule des dimensions sociales et politiques rarement présentes dans les industries locales. Il encourage ses téléspectateurs à analyser et à approfondir chacune de ses scènes. Les acteurs partagent inconsciemment leurs opinions pour que les 90 minutes passent vite.

« Tanaash » sort dans les cinémas libanais le 16 de ce mois (réalisateur)

Le réalisateur Buddy Sfeir s’est efforcé de présenter son produit de manière à ce que l’ennui ne s’insinue pas dans ses scènes. Il le remplit de blagues sarcastiques et drôles qui brisent l’atmosphère ambiante de discussions intenses. Grâce à des conversations intéressantes qui ont lieu entre les 12 jurés, le spectateur reçoit de nombreuses réponses aux questions qui l’ont toujours préoccupé. Il passe sous silence les cas de fanatisme nés de la guerre du Liban et présente des exemples d’une société libanaise encore sous le choc des conséquences d’une guerre qui l’a perpétuée. Grâce aux noms des membres du jury et à leur approche du dialogue, le spectateur reconnaît rapidement à quel parti ou à quelle région ils appartiennent.

Buddy Sfeir a soigneusement choisi l’emplacement pour transmettre le symbolisme qu’il souhaitait. Il a tourné son film dans une salle de l’Electricité du Liban. La décoration intérieure a joué un rôle de premier plan dans la création d’une atmosphère reflétant la détérioration des conditions que le Liban a connues ces dernières années.

La caméra de Sfeir a réussi à créer chez le spectateur un sentiment qui éveille les soupçons, comme si quelqu’un regardait et espionnait la séance. La musique et les effets sonores contribuent à donner du réalisme au film et à rendre perceptibles les bruits de la rue et des avions militaires.

Toutes les scènes du film se déroulent dans une salle large et lumineuse. Cela ressemble à un Liban sans jeunes esprits. Les décorations anciennes de la salle ainsi que l’éclairage tamisé qui prévaut rappellent le Liban, sombre et déserté même par ses habitants.

La caméra corporelle siffle et met en évidence un message spécifique à chaque rotation. Le plus marquant d’entre eux est peut-être celui que le spectateur découvre à la fin du film. Il raconte l’explosion de Beyrouth et les déchets de blé clairement détruits. Une fusée en papier s’envole dans l’espace de la salle de réunion et poursuit sa route vers les décombres de Beyrouth, laissant le spectateur libre d’analyser.

L’élément féminin est visiblement présent dans ce qu’on appelle le jury. On voit que certaines d’entre elles sont rebelles et parfois fougueuses, sans pour autant manquer de la féminité de leur personnalité.

« Tanaash » respire le réalisme et décortique la société libanaise, la mettant au jour et dénonçant les états de son inconscient collectif et réfutant ses complexes formés au fil des années à la suite de tragédies, de divisions persistantes et de rejet stéréotypé de l’Autre. Il présente également des idées absurdes qui se transmettent aveuglément d’une génération à l’autre. Le film sera projeté dans les cinémas libanais à partir du 16 novembre.

Le film a été co-écrit par le réalisateur Buddy Sfeir et Patrick Al-Shamali, qui a joué le rôle de l’un des jurés. Il met en vedette Tariq Yacoub, Yara Zakhour, Shadi Ardati, Sarah Abdo et d’autres, ainsi que de nouveaux visages apparaissant pour la première fois devant la caméra.

L’élément féminin est présent dans le film « Tanaash » (réalisateur).

L’actrice Yara Zakhour a remporté le prix de la meilleure actrice pour le film au Festival international SRfilmfestnyc à New York.

Tariq Yaqoub joue le rôle de l’ingénieur libanais qui prend le chemin inverse dès le premier instant du processus de vote. Il captive le spectateur par sa présence et ses performances professionnelles ainsi que par ses traits du visage et son langage corporel saisissants.

Ali Al-Najjar incarne son rôle avec un soin et un esprit remarquables, sans exagérer, et fait venir des sourires spontanés sur les lèvres de ceux qui regardent le film. Avec Sarah Abdo et Christina Farah, nous faisons la connaissance de modèles libanais à succès. Dans une société patriarcale en tant que telle, cela ne passe pas inaperçu.

Quant à Patrick Al-Shamali, il remet les Libanais dans la phase de guerre civile et de guerre régionale. A travers son portrait réaliste, il veut rendre compte d’une situation délicate dans laquelle se trouvent encore aujourd’hui certains Libanais.

Léone Duchamps

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