Est-ce le signe d’un retour au chaud dans les relations entre Paris et Rabat ?
D’ici ou de là, plus d’une fois et plus d’une fois, apparaissent les signes de la fin du long hiver, annonçant un retour à la normale après deux ans d’apathie.
La nomination de Samira Staïl comme ambassadrice du Royaume en France le 19 octobre a corrigé la situation d’une diplomate absente à ce poste depuis janvier 2023. Deux semaines plus tôt, le roi du Maroc, le roi Mohammed VI, avait ratifié l’accréditation de l’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, qui avait présenté ses lettres de créance immédiatement après sa nomination. Il y a un an à l’Elysée.
Dans le cadre de cette normalisation diplomatique, les rencontres entre responsables des deux pays se sont poursuivies, témoignant de la volonté commune des deux parties de retrouver une dynamique normale des relations.
En octobre dernier, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est rendu à Marrakech pour s’entretenir avec le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch. Moins d’un mois plus tard, le directeur général de l’Agence française de développement, Rémy Rioux, se trouvait dans le bureau du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.
Malgré tous ces indicateurs, le rythme de la « normalisation diplomatique » maroco-française apparaît lent et progressif, comme en témoignent les déclarations de l’ambassade de France au Maroc, qui affirme que les deux parties avancent « avec prudence et sans exagération » vers ce dernier procédant par étapes Nous rappelons que les discussions bilatérales avec différents responsables marocains en plus d’un endroit n’ont pas été interrompues durant cette période. Du côté marocain, on a récemment constaté que les rencontres bilatérales faisaient désormais l’objet de communiqués sectoriels, après une précédente période de secret. Cette ouverture se reflète également dans la presse marocaine, qui a commencé à rendre compte régulièrement et fréquemment de ces réunions et consultations.
Erreurs d’estimation
Ce retour progressif à des relations normales entre les deux pays, s’il reflète une volonté commune de les poursuivre ensemble, s’explique avant tout par la nécessité de changer nos modes d’interaction. L’ambassadeur de France a déclaré : « Nous ne pouvons pas reprendre les relations avec le Maroc comme elles l’étaient il y a trente ans. Ce n’est plus du tout possible. » Il ajoute avec regret que le blocus est essentiellement dû à certaines formes « d’arrogance ». et les « fausses évaluations » de la politique étrangère de la France.
L’exemple le plus marquant de ces erreurs est peut-être la vidéo que le président français Macron a publiée sur la plateforme Twitter il y a X jours, quelques jours après la tragédie du tremblement de terre d’Al Haouz, dans lequel au moins 3 000 personnes ont perdu la vie. Dans la vidéo, Macron a exprimé sa volonté de s’adresser directement aux Marocains, dans un geste qui ne respecte pas les conditions minimales du protocole diplomatique entre pays souverains. La presse marocaine a jugé le comportement de Macron erroné et l’a décrit comme une atteinte aux qualités particulières du roi du Maroc dans ses relations avec les citoyens marocains.
La polémique suscitée par la vidéo, qui a accompagné le débat en France sur le rejet par le Maroc de l’aide apportée par El Illizi pour atténuer les dégâts causés par le séisme d’Al-Haouz, a déclenché une nouvelle prise de conscience à Paris, confirment des sources officielles françaises, soulignant que le Le début du retour à la chaleur dans les relations entre les deux pays aurait pu commencer dans un mois. En juillet dernier, les reportages médiatiques infructueux qui ont accompagné la période post-séisme ont tenté d’y parvenir.
Aujourd’hui, les autorités françaises parlent d’une « approche participative plus équilibrée » avec le Maroc, soulignant les limites de cette volonté compte tenu du manque de canaux de communication officiels entre les politiques français et leurs homologues marocains. Des sources françaises bien informées confirment que les nouveaux hommes politiques des deux côtés ne se connaissent pas bien et qu’il est urgent de se redécouvrir mutuellement.
Ce qui semble également plus urgent est la nécessité de ne pas accepter de « positions communes sur des questions en général ». Le récent départ de Christophe Lecourte, l’ambassadeur de France au Maroc, a été qualifié par la presse marocaine d’« exercice d’excuses », y voyant un premier pas de la partie française vers un « aveu » de l’erreur qui perdure. attendu de Rabat. L’ambassadeur de France a détaillé les mérites de la crise des visas sur la radio marocaine Canal 2, qualifiant le comportement de la France de priver des milliers de Marocains de leurs rendez-vous de « terrible perte ».
S’il s’agit réellement d’un retour de chaleur entre Paris et Rabat, les premiers signes doivent conduire à un nouveau climat pour les relations entre les deux pays. Les dossiers sensibles et en suspens sur les étagères des missions diplomatiques des deux pays sont devenus nombreux : la relance du Comité suprême mixte, les accords de pêche et d’agriculture conclus entre Rabat, Paris et Bruxelles, l’expulsion de mineurs en situation illégale en France.. .
Retour au point de départ
La question la plus importante dans les dossiers en suspens entre Paris et Rabat reste liée à la position française sur la question du Sahara, a souligné Zakaria Abdel Wahab, professeur de relations internationales à l’Université Mohammed V, ajoutant que le représentant permanent de la France a réaffirmé la position de son pays à aux Nations Unies. Lors d’un vote au Conseil, il a exprimé son ferme soutien à l’initiative d’autonomie au Sahara. Fin octobre, les forces de sécurité ont accepté de prolonger la mission de la MINURSO. Le chercheur marocain a conclu ses propos en disant : « Il est temps d’avancer sur ce dossier ».
En Cisjordanie marocaine, où un engagement plus fort de la France en faveur de la première cause du Maroc est toujours attendu, des indicateurs positifs peuvent être observés dans la gestion des récentes démarches de Paris vers Rabat. En fait, Rabat n’attend pas d’étape importante, comme l’a fait le président américain Donald Trump lorsqu’il a annoncé la reconnaissance américaine de la pleine souveraineté du Maroc sur le Sahara en 2020, mais au moins une « transformation psychologique », estime Zakaria Abdel Wahab, à l’instar de les mesures prises par le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui, lorsqu’il l’a annoncé l’année dernière, a continué à décrire le plan d’autonomie comme la base la plus sérieuse et la plus réaliste pour résoudre ce conflit chronique.
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