Le procès s'est ouvert lundi contre les journalistes français Eric Laurent et Catherine Grassier, soupçonnés d'avoir réclamé deux millions d'euros au palais marocain en 2015 sans publier un livre contenant des informations qui pourraient être embarrassantes pour Rabat. Ils ont été arrêtés avec 40 000 euros en espèces chacun alors qu'ils sortaient de la réunion avec un envoyé du palais qui a enregistré les entretiens à leur insu. Au cours de l'enquête, ils ont admis avoir accepté un contrat pour « charger » la publication du livre, mais ont nié toute menace ou chantage. En 2012, les deux journalistes français avaient publié un livre sur le roi Mohammed VI interdit au Maroc. Les deux prévenus encourent une peine de cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende.
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Commencé lundi Procès des journalistes français Eric Laurent et Catherine Grassier, soupçonnés d'avoir réclamé deux millions d'euros au palais marocain en 2015, ont renoncé à publier un livre contenant des informations qui, selon eux, pourraient être embarrassantes pour Rabat.
En 2012, les deux journalistes français avaient publié un livre sur le roi Mohammed VI interdit au Maroc.
En 2015, ils signent un nouveau contrat d'édition avec l'éditeur français Le Seuil pour préparer un livre sur le même sujet.
Le 23 juillet 2015, Eric Laurent contacte le secrétariat privé du roi du Maroc pour convenir d'un rendez-vous avec lui. Le rendez-vous a été pris le 11 août avec un envoyé marocain, l'avocat Hicham Naciri, dans un bar d'un palace parisien.
Lors de cette rencontre, Laurent a annoncé son intention de publier début 2016 le livre qui contient des informations qui pourraient être embarrassantes pour Rabat.
Accord financier ?
Mais les récits de ce qui a suivi varient. Selon le journaliste, Nasseri lui aurait proposé un accord financier pour ne pas publier le livre.
Le Royaume, dont l'avocat au début du procès était l'actuel ministre français de la Justice Éric Dupont-Moretti, a confirmé que l'offre financière avait été faite par le journaliste, qui demandait trois millions d'euros.
Après cette première rencontre, le Maroc a porté plainte à Paris et une enquête a été immédiatement ouverte.
Le 21 août 2015, une autre rencontre entre l'envoyé et Eric Laurent a eu lieu dans le même hôtel, mais sous surveillance policière.
Une troisième réunion a eu lieu le 27 août 2015 dans un autre hôtel en présence de la journaliste Catherine Grasier.
Ils auraient ensuite signé un accord d'une valeur de 2 millions de dollars en échange de la publication de son livre.
Ils ont été arrêtés avec 40 000 euros en espèces chacun à la sortie de la réunion avec l'envoyé du roi, qui a enregistré les entretiens à leur insu.
Ces enregistrements, jugés illégaux par les avocats des journalistes, ont été au centre d'un différend procédural au cours de l'enquête. La cour d'appel a rejeté l'appel en novembre 2017.
Chantage?
Au cours de l'enquête, ils ont admis avoir accepté un contrat pour « donner » le livre, dont ils étaient « préoccupés » par les implications géopolitiques, mais ont nié toute menace ou chantage.
L'avocat de Grasier, Eric Moute, a déclaré à l'Agence France-Presse : « Mme Grasier n'a pratiqué aucune forme de chantage dans cette affaire et considère qu'elle est tombée dans un piège ».
Serge Portelli, l'avocat de Laurent, a déclaré : « Les prévenus sont tombés dans un piège tendu par les renseignements marocains. »
L'avocat du Royaume du Maroc, Antoine Vie, s'est refusé à tout commentaire.
Les deux prévenus encourent une peine de cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende.
Laurent est ancien correspondant de Radio France, du Figaro Magazine et de France Culture et a écrit plusieurs livres dont un controversé qui traite des événements du 11 septembre 2011. Quant à Grassier, elle a travaillé au Maroc et publié des livres sur le Maroc et la Libye.
France 24/AFP
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