Hijab, rituels et prénoms arabes… la montée continue de l’islam en France | politique

Les données statistiques de la carte des religions en France montrent la montée continue de la religion islamique dans ce pays européen de plus de 65 millions d’habitants, qui inquiète les milieux politiques et les autorités gouvernementales.

Récemment, un reportage publié par le magazine Le Figaro mettait en garde contre la propagation accélérée de l’islam, estimant qu’elle constituerait une menace pour les valeurs de la République et le principe de séparation des religions et des affaires de l’État inscrit dans la Constitution.

Environ 10 % de la population française condamne l’islam, qui représente la plus grande minorité musulmane d’Europe, juste derrière les adeptes de l’Église catholique, qui représentent 29 % de la population de ce pays (51 %). Selon la plateforme nationale de statistiques « Insee », la population des grandes régions de France ne peut être classée dans aucune classification.

Cependant, la force et l’influence de l’Islam sont évidentes : 58 % des membres de cette minorité sont prêts à pratiquer les rituels de leur religion, contre seulement 15 % des catholiques et 31 % des adeptes d’autres sectes chrétiennes.

L’immigration est le facteur le plus important

La migration économique contemporaine depuis le milieu du XXe siècle a permis à des millions de personnes de rejoindre le Vieux Continent pour travailler à des projets de reconstruction et de relance économique après la Seconde Guerre mondiale.

Selon l’analyse statistique de l’Observatoire « Migration et Population » en France, plusieurs facteurs expliquent la montée de l’Islam et sa plus grande importance dans les aspects économiques, sociaux et culturels de la vie, notamment dans les flux d’immigration.

L’Observatoire français des migrations prévoit que la proportion de musulmans atteindra 12,7 % en 2050 si l’immigration s’arrête et 18 % si elle se poursuit.

Les données statistiques compilées par Jérôme Forquet et Sylvain Manternach pour la fondation Archibal France suggèrent une augmentation du nombre de musulmans en France dans les années à venir alors que les autorités cherchent à réguler les conditions de milliers d’immigrés irréguliers.

Il montre que le nombre de personnes ayant obtenu un premier permis de séjour a augmenté de 172 % entre 1997 et 2023, pour atteindre plus de 323 000 l’année dernière, un nombre record.

Par exemple, les statistiques 2021 de l’Observatoire des migrations montrent que 72 % des immigrés ayant obtenu leur premier titre de séjour en France sont issus de pays musulmans.

Les immigrants de Tunisie, d’Algérie et du Maroc arrivent en tête de liste, suivis par les immigrants de Turquie et de pays musulmans d’Afrique subsaharienne comme le Sénégal, le Mali et la Guinée.

D’autre part, 61% des demandes d’asile proviennent majoritairement de pays musulmans comme l’Afghanistan, le Bangladesh et la Turquie, et tout cela, selon l’analyse de l’Observatoire des migrations, représente les principales raisons du renforcement de la présence démographique du pays. Minorité musulmane en France.

Les musulmans se rassemblent pour accomplir les prières de l’Aïd al-Fitr dans la capitale Paris (Agence Anadolu)

Prénoms arabes

Pour souligner ce lien, les experts Jérôme Forquet et Sylvain Manternach ont observé une multiplication par plus de deux fois et demie des prénoms arabo-islamiques pour les nouveau-nés en France au cours de la même période, atteignant plus de 21 % des prénoms en 2021.

Les résultats d’une enquête des instituts statistiques nationaux « INAD » et « INCI » montrent que jusqu’à 91 % de la génération qui a grandi dans une famille musulmane conserve la même appartenance religieuse, et cela peut atteindre 97 %. dans des familles originaires de Turquie, du Moyen-Orient ou des pays africains du Sahel.

En revanche, 84% des enfants issus de familles juives maintiennent la religion de leurs parents, alors que le pourcentage ne dépasse pas 67% parmi la génération élevée dans une famille catholique et 69% parmi les adeptes d’autres sectes chrétiennes.

Dans toute la France, 89 % des immigrés originaires de Tunisie, d’Algérie et du Maroc déclarent être adeptes de la religion islamique, tandis que cette proportion est de 84 % pour les immigrés des pays africains du Sahel et chute à 72 % pour les immigrés originaires de Turquie et du Moyen-Orient.

La propagation du voile

Les données de l’ENAD et de l’ENSI ont montré une augmentation du nombre de femmes musulmanes portant le hijab entre 2008 et 2020.

De ces statistiques, il ressort clairement que la proportion de femmes des pays du Maghreb qui portent le hijab est de 37 %, alors qu’il y a dix ans cette proportion ne dépassait pas 23 %, et que cette proportion chez les femmes en Turquie et au Moyen-Orient s’élève à 46 % À l’Est, c’était environ 39 %.

Pour les femmes d’Afrique subsaharienne, cette proportion tombe à 28 %, mais présente une augmentation notable par rapport à seulement 12 % il y a dix ans.

Parmi les membres de la communauté, la proportion de filles portant le hijab est passée d’environ 12 % à 17 % en 10 ans, avec une différence significative dans la proportion parmi les filles issues de familles originaires de Turquie et du Moyen-Orient, où elle atteint 24 %.

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Société parallèle

La communauté musulmane apparaît dans certains aspects de la vie économique à travers la forte présence d’employés dans les entreprises de communication et financières, les centres d’appels et autres, mais les experts soulignent le phénomène de formation de communautés culturelles parallèles au sein de ces institutions.

Selon un article du magazine Le Figaro, les entreprises privées et publiques ont élaboré un guide pour faire face aux manifestations religieuses sur le lieu de travail avec des brochures publiées il y a près de 15 ans, mais il n’offre pas de solutions durables aux conflits ou aux tensions accrues sur une base culturelle. dans les établissements du lieu de travail.

Selon les statistiques du baromètre annuel de l’Institut Montaigne, la proportion de problèmes religieux nécessitant une intervention administrative sur le lieu de travail en raison de tensions ou de conflits atteignait 21 % en 2022, alors qu’en 2013 ce pourcentage n’était que de 6 %.

Le chercheur français en relations sociales Denis Mayard souligne que 76 % des litiges nécessitant une intervention administrative concernent des minorités musulmanes et que ce type d’intervention a doublé en 10 ans.

Faisant référence à la loi de 2021 relative à la sauvegarde des valeurs de la République, le chercheur explique : « La loi dans sa forme actuelle permet à toutes les personnes, quelles que soient leurs affiliations et leurs sentiments, de travailler ensemble, dans le but de faciliter un dialogue civil entre eux.  » . »

Il ajoute dans son commentaire : « C’est la véritable logique républicaine que le libéralisme, dans ses aspects culturels et économiques, tente de cacher aux yeux de nos contemporains. »

Une femme musulmane portant le style vestimentaire abaya se promène dans une rue de Nantes, France, le 29 août 2023. REUTERS/Stephane Mahé
Les lois françaises interdisent le port du hijab et de l’abaya dans les établissements d’enseignement (Reuters)

Des restrictions au nom de la République

Bien que le gouvernement français ait adopté une nouvelle loi en 2016 visant à renforcer la protection des droits des travailleurs et des salariés, cette mesure ne représente pas un réel soutien pour prévenir les tensions culturelles de nature religieuse ou idéologique dans les lieux de travail.

En pratique, cette démarche a perdu de son utilité lorsque, le 24 août 2021, l’Assemblée nationale a ratifié la loi « Promouvoir le respect des valeurs de la République », initialement connue sous le nom de « Lutte contre l’islam séparatiste », comme prétexte pour s’engager. dans l’abus de la religion à travers des attaques contre les valeurs de la république.

Selon la loi présentée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, les peines dissuasives pour le délit de « séparatisme » sont de cinq ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 75 000 euros en cas de violation des règles du service public en France.

La loi prévoit plusieurs mesures visant principalement la minorité musulmane, comme la surveillance des mosquées, l’interdiction du port du hijab et de l’abaya dans les établissements d’enseignement et l’interdiction aux enfants d’être scolarisés à la maison.

Cela nécessite également un engagement signé par la société civile, y compris les organisations civiles dans lesquelles des musulmans sont actifs, qui inclut un engagement explicite envers les valeurs de la République, avant que le financement de l’État ne soit accordé.

Dos crawlé

Cependant, la loi a été critiquée par la Commission nationale des droits de l’homme et des personnalités politiques, notamment du « Parti de la France invaincue », du « Parti communiste français » et du « Parti républicain » à l’Assemblée nationale. Puisqu’il représente une réaction contre les valeurs de la République et prévoit des mesures sur mesure pour affronter les musulmans, il conduit également à une crise de confiance dans la société civile.

Du point de vue des droits de l’homme, généraliser l’application de la loi, comme interdire les temps morts lors des matchs de football au mois de Ramadan pour permettre aux joueurs musulmans de rompre leur jeûne, soulève des questions éthiques en contradiction avec les valeurs de diversité et de culture. pluralisme inscrit dans la Constitution de la République.

Au contraire, Guillain Chauvrier, ancien membre de la commission de la laïcité au Conseil suprême de l’intégration, estime que cette démarche est pleinement compatible avec le mot d’ordre de la République (Liberté, Égalité, Fraternité) et son sens profond. La neutralité dans les stades signifie la liberté. pour tous.

Édith Desjardins

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