Une nouvelle crise est sur la table du président français Emmanuel Macron, le 19 octobre 2023 (Getty)
Le président français Emmanuel Macron s’est rendu mercredi en Nouvelle-Calédonie, plus d’une semaine après le début de violences que l’archipel français du Pacifique Sud n’avait pas connues depuis quarante ans. Cette visite n’a été annoncée que mardi lors de la réunion du Conseil des ministres français, au moment où de nombreux appels ont été lancés pour reporter un changement constitutionnel pour les électeurs éligibles, provoquant des troubles qui ont duré une semaine dans cet archipel colonisé par la France au 19e. siècle. La visite de Macron vise à constituer une « délégation », comme l’a expliqué la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot, sans en préciser la composition ni les objectifs.
Dans la capitale Nouméa, la nuit de mardi à mercredi « a été plus calme que la nuit précédente, malgré le déclenchement de deux incendies », indique un communiqué du Haut-commissariat de la République. Le haut-commissaire français pour l’archipel, Louis Lefran, a annoncé le déploiement de troupes supplémentaires pour lutter contre les violences dans la région, en signe de protestation contre un projet d’amendement constitutionnel rejeté par les indépendantistes. Ses autorités ont annoncé mardi sur la plateforme X l’arrestation de 22 personnes et le déploiement de renforts constants dans les trois quarts de la région de Nouméa. Dans un quartier huppé de Nouméa qui n’a pas été touché par les émeutes, Jean, 57 ans, garde à tour de rôle avec ses voisins une barrière destinée à empêcher d’éventuelles attaques. Il a estimé que l’arrivée du président français était une « bonne nouvelle ». La situation est complètement au point mort.
La situation en Nouvelle-Calédonie est fragile
Neuf jours après le début des pires violences que l’archipel ait connues depuis près de quarante ans, la situation reste fragile, des quartiers entiers toujours en proie à des troubles et difficiles d’accès. Mercredi matin, les incendies faisaient toujours rage dans certains quartiers de la région de Nouméa de 170 000 habitants, notamment dans la zone industrielle de Dokos.
Depuis le début des troubles, environ 400 magasins et entreprises ont été endommagés dans la région de Nouméa et dans les villes environnantes. La mobilisation reste forte aux postes de contrôle établis malgré le fort déploiement des forces de sécurité. De leur côté, les principaux représentants non indépendantistes de l’archipel ont appelé à une réflexion plus approfondie sur l’amendement constitutionnel controversé, qui doit être adopté avant fin juin, lors d’une conférence de presse mardi à Nouméa.
Le représentant de la Nouvelle-Calédonie, Nicolas Metzdorf, a souligné que retirer le projet d’amendement « serait une grave erreur » et soutiendrait la position des « saboteurs et émeutiers ». Cependant, les appels se multiplient de la part de toutes les factions politiques, y compris du maire de Nouméa, qui n’est pas favorable à l’indépendance, pour exiger le report de cet amendement, qui marginaliserait la voix de la population indigène kanak, comme le confirment les indépendantistes. La Nouvelle-Calédonie représente une région stratégique du Pacifique Sud pour la France qui cherche à renforcer son influence dans la région Asie-Pacifique et est riche en ressources naturelles, notamment en nickel, matériau essentiel à la production de machines militaires.
La France attache une grande importance à la Nouvelle-Calédonie d’un point de vue militaire, géopolitique et économique. La région possède d’importantes réserves de nickel, estimées à environ 25 pour cent des réserves mondiales de ce métal. Cependant, la stabilité politique reste faible en Nouvelle-Calédonie, avec 17 gouvernements à la tête de l’archipel depuis 1999 et le mécontentement de l’opinion publique face à l’échec des hommes politiques chargés de résoudre les problèmes politiques et économiques. S’appuyant sur le dernier référendum fin 2021, boycotté par les Kanaks et les Fronts de libération nationaux-socialistes, il n’a pas réussi à trouver des solutions radicales à la crise calédonienne et aux problèmes de la région. Au niveau politique, l’arène est toujours divisée entre les forces favorables à l’indépendance et celles qui s’y opposent. L’actuel président de Calédonie, Louis Mabo, a été élu en 2021, premier dirigeant autochtone mais partisan de l’indépendance de la France. Le report à la fin de l’année des élections municipales et législatives, prévues pour mai prochain, a encore compliqué la crise en Nouvelle-Calédonie.
(France Presse, Al-Arabi Al-Jadeed)
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