Londres – « Al-Quds Al-Arabi » : l’Algérie entend faire de la position de certains pays de son environnement régional sur le conflit du Sahara Occidental une condition du développement des relations, notamment commerciales et énergétiques, comme explicitement annoncé dans le cas de l’Espagne a et s’applique dans le cas de l’Italie. Il y a une large interrogation sur la nature de la position exprimée sur le Sahara lors de la visite du président français Emmanuel Macron en Algérie la semaine prochaine.
Depuis la crise diplomatique avec le Maroc il y a exactement un an, l’Algérie a accéléré le rythme de l’invocation du dossier du Sahara dans ses relations extérieures, en accordant une attention particulière aux pays qui l’entourent, puis en nommant un diplomate, Ammar Blani, pour superviser ces dossiers à adopter en relations extérieures, ce qui est un précédent. En même temps, selon le dernier numéro de son magazine mensuel, l’armée algérienne a toujours exigé une solution au conflit du Sahara chaque fois qu’il y avait la paix avec le Maroc.
L’Algérie avait annoncé une rupture diplomatique avec l’Espagne après que l’Espagne ait annoncé son soutien à la proposition d’autonomie du Maroc pour mettre fin au conflit. Parmi les mesures qu’elle avait prises figuraient la suspension de l’accord d’amitié avec Madrid, la démission de l’ambassadeur et la suspension des échanges commerciaux. Les exportations de gaz ont été exemptées de l’interdiction en raison de l’existence d’accords internationaux susceptibles de soumettre l’Algérie à des sanctions. En revanche, comme par le passé, elle a annulé l’exportation de volumes de gaz supplémentaires et l’a déplacée vers l’Italie.
L’Algérie a accordé à l’État italien des concessions gazières et commerciales en échange d’un engagement italien à soutenir les résolutions du Conseil de sécurité sur le conflit du Sahara et l’exclusion de l’autonomie. Les déclarations sur la visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune et du Premier ministre démissionnaire Mario Draghi étaient le titre de cette politique. L’Algérie avait officiellement annoncé qu’elle abandonnerait l’Espagne au profit de l’Italie parce que Madrid soutenait le Maroc au Sahara.
Suite à la crise maroco-algérienne et à sa stratégie dans le dossier du Sahara, il est devenu impossible pour la Tunisie et la Mauritanie d’exprimer à ce stade une compréhension des revendications d’autonomie du Maroc, notamment pour maintenir un équilibre face à l’évolution relations entre l’Algérie et la Tunisie.
Pendant ce temps, l’attente est grande pour la visite du président français Emmanuel Macron en Algérie jeudi la semaine prochaine, et les deux pays misent sur la sortie de la crise épineuse. Il s’agit de la première visite de Macron au Maghreb après avoir été élu président pour la deuxième fois en mai dernier. L’anticipation découle de la manière dont les deux pays aborderont la déclaration finale de la visite, la question du Sahara. La France acceptera-t-elle la référence aux résolutions de l’ONU et l’évocation de l’autodétermination sans référence à l’autonomie ? Ou les pays accepteront-ils d’éviter de faire référence au fichier ?
Dans ce contexte, l’Algérie a toujours reproché à la France son implication dans le soutien aux revendications marocaines sur la question du Sahara et a appelé à plusieurs reprises à une politique d’équilibre depuis Paris. Ces dernières années, on peut noter que la position française sur le conflit du Sahara reste en faveur du Maroc, mais avec un certain sang-froid, sans changement fondamental par rapport à la position initiale. Parmi les gros titres de ce frisson auquel Paris a dû faire face, figure la déclaration du président américain Donald Trump en décembre 2020 en faveur de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Rabat a attendu que Paris retire une position de l’Union européenne, ou du moins la mette en discussion pour compléter la position américaine, mais cela ne s’est pas fait.
Les relations entre Rabat et Paris sont en crise ouverte sur plusieurs dossiers, dont l’espionnage présumé de Macron par le programme israélien Pegasus. Parmi les manifestations de cette crise, notons que les responsables français ne se sont pas rendus au Maroc, qu’aucun ministre marocain ne s’est officiellement rendu en France et qu’il n’y a eu aucune rencontre, pas même un coup de fil, entre Macron et le roi Mohammed VI, qui est à Paris depuis début juin. .
Nul doute que toute position française peu orthodoxe sur le conflit du Sahara lors de la visite de Macron en Algérie conduira inévitablement à de nouvelles tensions dans les relations maroco-françaises.
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