La relation entre politique et rhétorique n’est pas un phénomène moderne ; Ceux au pouvoir qui les recherchent ou les défendent réalisent très tôt ce que le langage peut faire à l’âme des masses. L’histoire n’est pas avare d’exemples de langage politique, des sophistes de la Grèce antique aux orateurs de la période latine en Europe, en passant par les tribunaux de la domination islamique.
Le chercheur français Vincent Bertiler traite de cette relation entre style et politique dans sa recherche, qui se poursuit depuis plusieurs années, sous le titre « Style réactionnaire : de Moras à Welbeck ».
Et si Michel Welbeck n’est pas tout à fait anonyme lorsqu’il s’agit d’usages droitiers ou « réactionnaires » de la littérature (son roman « Capital » imagine une « dominance » arabo-islamique sur la France), le nom est Charles Maurice (1868 – 1952) – bien qu’il semble presque obscurci aujourd’hui. Il reste le « parrain » de cette relation dans la France moderne, et le parrain de l’usage de la littérature d’extrême droite, où il a passé sa vie à écrire des ouvrages et des articles sur la suprématie française, leur langue et la race blanche, et la nécessité d’une linguistique pour revenir à la pureté qui représente cette supériorité.
L’auteur explique à quel point le style est d’une grande importance pour les écrivains de droite, qui associent souvent la langue dans laquelle ils écrivent à des dimensions ethniques ou historiques et, comme Charles, cherchent à défendre leur pureté, leur nature et leur sophistication contre les influences extérieures. Le rejet du romantisme par Morras ou un style de poète, ou comme Stéphane Mallarmé, il bouscule la structure de la langue française.
L’auteur montre comment le style d’un écrivain comme Moras reproduit sa vision nationaliste fermée et sa pensée politique, où la phrase est basée sur une structure hiérarchique, du plus important et du plus élevé au plus bas, et il n’y a pas de place pour les surprises ou la liberté d’écriture, ce qui est aussi une image de la rigueur de ses vues politiques, que tout le monde nie.
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