Le président français Emmanuel Macron s’est rendu mercredi en Nouvelle-Calédonie, plus d’une semaine après le début de violences que l’archipel français du Pacifique Sud n’avait pas connues depuis 40 ans, la situation devenant « plus calme ».
La visite de Macron a été annoncée mardi lors du conseil des ministres français, à un moment où de nombreux appels ont été lancés pour reporter un changement constitutionnel pour les électeurs éligibles, déclenchant une semaine de troubles en cours dans cet archipel colonisé par la France au XIXe siècle.
La porte-parole du gouvernement français, Prisca Thévenot, a indiqué, selon un communiqué du palais présidentiel français, que l’avion de Macron a décollé mardi soir dans le but de former une « délégation », sans en préciser la composition ni les objectifs.
En réponse, le haut-commissaire français pour l’archipel, Louis Lefran, a annoncé que la nuit de mardi avait été « plus calme que la nuit précédente, malgré le déclenchement de deux incendies », indiquant que des forces supplémentaires avaient été envoyées pour faire face aux violences qui secouent l’archipel. région, pour protester contre un projet d’amendement constitutionnel rejeté par les indépendantistes.
Ses autorités ont annoncé mardi sur la plateforme « X » l’arrestation de 22 personnes et le déploiement de renforts constants dans les trois quarts de la région de Nouméa.
Dans un quartier huppé de Nouméa, épargné par les émeutes, Jean, 57 ans, se relaye avec ses voisins pour surveiller une barrière destinée à empêcher d’éventuelles attaques, considérant l’arrivée du président français comme une « bonne nouvelle ».
« Drapeaux blancs »
Neuf jours après le début des pires violences que l’archipel ait connues depuis près de 40 ans, la situation reste fragile, des quartiers entiers toujours en proie à des troubles et difficiles d’accès.
Mercredi matin, les incendies faisaient toujours rage dans certains quartiers de la région de Nouméa de 170 000 habitants, notamment dans la zone industrielle de Dokos.
« Il est encore trop tôt pour estimer le total des dégâts car il y a des quartiers de la ville où les autorités officielles ne sont pas encore autorisées à entrer », a déclaré la municipalité de Nouméa, confirmant que deux écoles et 300 voitures ont brûlé dans une concession automobile dans la nuit.
Six personnes sont mortes depuis le début des violences, dont deux policiers dont les corps ont été transportés sur le continent lundi. Depuis le début de l’action populaire le 13 mai, 84 membres des forces de sécurité ont été blessés, tandis que les forces de sécurité ont arrêté 276 personnes et en ont placé 248 en détention dans l’attente d’une enquête.
Alors que le Grand Nouméa est menacé de pénurie de nourriture et de médicaments, Lovran a confirmé que 21 grands magasins ont rouvert leurs portes et sont progressivement approvisionnés.
Les mesures exceptionnelles adoptées dans le cadre de la déclaration de l’état d’urgence continuent de s’appliquer, parmi lesquelles un couvre-feu nocturne, l’interdiction des rassemblements, le transfert d’armes, la vente d’alcool et l’interdiction de l’application TikTok.
Les défenseurs des libertés ont saisi le Conseil d’État, qui a donné mardi 24 heures supplémentaires au gouvernement pour justifier l’interdiction de cette application et présenter les preuves du rôle que les autorités lui attribuent dans les troubles.
Preuve de la difficulté de maîtriser la situation sécuritaire, l’aéroport international de l’archipel français a annoncé qu’il resterait fermé aux vols commerciaux jusqu’à samedi matin.
Mercredi, le Haut-commissariat a indiqué qu’une centaine de touristes avaient été expulsés de Nouvelle-Calédonie et que l’Australie et la Nouvelle-Zélande avaient assuré des vols pour rapatrier des centaines de leurs ressortissants bloqués dans l’archipel français.
Continuez à faire vos valises
Depuis le début des troubles, environ 400 magasins et entreprises ont été endommagés dans la région de Nouméa et dans les villes environnantes. La mobilisation reste forte aux postes de contrôle établis malgré le fort déploiement des forces de sécurité.
De leur côté, les principales personnalités non indépendantes de l’archipel ont appelé, lors d’une conférence de presse mardi à Nouméa, à poursuivre l’examen de l’amendement constitutionnel, qui suscite la polémique et qui doit être adopté avant fin juin.
Le député calédonien Nicolas Metzdorf a souligné que retirer le projet d’amendement « serait une grave erreur » et soutiendrait la position des « saboteurs et émeutiers ».
Cependant, les appels ont été nombreux de toutes les factions politiques, même de la part du maire de Nouméa, qui ne revendique pas l’indépendance, pour exiger le report de ce changement, qui marginaliserait la voix de la population indigène kanak.
La Nouvelle-Calédonie représente une région stratégique du Pacifique Sud pour la France qui cherche à renforcer son influence dans la région Asie-Pacifique et est riche en ressources naturelles, notamment en nickel, matériau essentiel à la production de machines militaires.
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