Thierry Mariani a appelé son pays à sortir de « l’incertitude » sur le caractère marocain du Sahara et à suivre l’exemple de la reconnaissance israélienne, soulignant en revanche qu’Emmanuel Macron a causé le déclin de la présence de Paris en Afrique, en Asie et en Europe et lui a reproché la « détérioration » des relations avec le royaume car il « passait tout son temps à courtiser l’Algérie et son président ».

Sur la reconnaissance israélienne, la crise franco-marocaine et la décision du Parlement européen d’ajouter le Maroc à la liste des pays s’ingérant dans ses affaires, le journal électronique « Madar 21 » a mené cet entretien avec l’ancien ministre et eurodéputé français Thierry Mariani.

Selon vous, quelle est la raison de la crise actuelle entre le Maroc et la France ?

Emmanuel Macron a mené une politique internationale incohérente et désastreuse pour la France. La France commençait à perdre du terrain en Afrique, en Asie et dans le Pacifique, et même en Europe. La détérioration de notre relation avec le Royaume témoigne de ce déclin. Le président français Emmanuel Macron passe son temps à courtiser l’Algérie et son président Abdelmadjid Tebboune, et le ministère français des Affaires étrangères se méfie de cette décision.

Cela est certainement dû au soutien de l’Algérie au président de la République et à sa volonté d’apparaître comme un réformateur des relations avec l’Algérie, qui ne se soucie pas de ses efforts. Il a renoncé à nos relations avec Rabat, alors même que le Maroc est un partenaire important pour la France.

Comment surmonter cette crise ?

Il est devenu nécessaire pour l’Elysée de reconsidérer sa stratégie au Maghreb et d’admettre que sa décision en faveur de l’Algérie a complètement échoué. Après cela, nous devons investir dans les points forts de notre relation bilatérale avec le Maroc, à savoir la pêche, l’agriculture et la production industrielle.

Lorsque les relations diplomatiques entre deux pays deviennent tendues, il devient du devoir de ceux qui vivent réellement la réalité des échanges entre eux de contribuer à les améliorer. L’amitié entre les peuples marocain et français ne s’est jamais démentie.

Qui est responsable du chaos et des manifestations actuels en France ?
Le principal responsable de cette situation est Emmanuel Macron. Immigration incontrôlée et négligence des efforts d’intégration, montée du dégoût de soi et des sentiments de culpabilité, tels sont les facteurs qui ont conduit à l’explosion des conditions en France métropolitaine.

Il y avait des groupes violents qui voulaient tout détruire, les bâtiments publics, les communautés et le siège de la police. Ils sont même allés jusqu’à agresser la famille d’un maire à son domicile… La combinaison des réseaux d’immigration clandestine et de trafic de drogue avec la formation de foyers anti-français a conduit à ces drames.

Je me souviens d’Emmanuel Macron disant à Lyon début 2017 que la culture française n’existe pas. En cela, il est en partie d’accord avec les partisans politiques des émeutiers.

Est-ce vraiment la fin de la popularité de Macron ?

Nous ne devrions jamais choisir quand il s’agit de popularité politique. Emmanuel Macron aurait-il été élu pour un second mandat à la tête de la république si la guerre n’avait pas éclaté en Ukraine ? Personne n’a la réponse. Je préfère partir de faits qui indiquent que le président de la République n’a pas la majorité à l’Assemblée nationale et refuse de gouverner en revenant au peuple, que ce soit par référendum ou en dissolvant le Parlement. Et puis il reste prisonnier d’une situation qui fait que toute discussion politique sape son prestige auprès des Français.

Je précise ici que sans le soutien des responsables du Parti républicain, il n’aurait pas pu faire passer la plupart de ses réformes. C’est une situation qui témoigne de la dégradation des héritiers du Rassemblement pour la République et de l’Union pour le mouvement populaire, qui ont choisi d’être la dernière ligne de défense d’un régime impuissant.

Comme Israël, la France pourrait-elle déclarer ouvertement son soutien inconditionnel à la cause nationale du Maroc en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara ?

J’ai lu l’important message du Premier ministre israélien reconnaissant la souveraineté du Maroc sur ses territoires au Sahara. Reconnaître la réalité ne peut être qu’une bonne chose et j’espère que la France suivra la position du Rassemblement national à ce sujet. Au Parlement européen, on nous rappelle constamment la nature marocaine du Sahara.

La France, comme d’autres pays, tient compte de plusieurs considérations internationales dans ses relations internationales. Je crois que des progrès peuvent être faits entre le Maroc et la France si nos relations diplomatiques se réchauffent. Je crains que les relations ne se réchauffent qu’après le départ d’Emmanuel Macron.

Le Parlement européen a inscrit le Maroc sur la liste des pays s’ingérant dans ses affaires intérieures. Que dites-vous de cette affaire ?

Naturellement, des représentants du parti Rassemblement national au Parlement européen ont protesté contre cette décision, présentée par Nathalie Loiseau, une amie d’Emmanuel Macron dans cette instance. Mme Loiseau a comparé ce que fait le Maroc à ce que font le Qatar et la Turquie, dépeignant une nouvelle insulte commise contre le royaume par des proches d’Emmanuel Macron.

Mon commentaire est simple : le pays qui s’immisce le plus dans les affaires européennes, ce sont les États-Unis. De l’écoute des dirigeants, au pillage économique et industriel, en passant par les pressions, Washington n’hésite pas à utiliser tous les moyens contre Bruxelles. On l’a vu récemment avec l’influenceur américain (la lobbyiste) Fonya Scott Morton, que la Commission européenne voulait embaucher. Nathalie Loiseau a pris soin d’éviter les critiques sur les actions des États-Unis.

Et il a réussi à exclure l’Algérie de la liste des pays faisant pression sur les parlementaires européens, malgré le fait que l’Algérie a mis en place un groupe de recherche chargé d’attaquer le Maroc sur la question du Sahara oriental, un groupe qui a de fortes ramifications au sein de l’extrême gauche européenne.