Ce qui est sûr, c’est que Jean-Yves Le Drian, envoyé spécial du président Emmanuel Macron pour le Liban, connaît bien mieux le pays que ceux qui ont travaillé sur la question libanaise à Paris ces dernières années. Le Drian a été ministre de la Défense sous l’ancien président François Hollande et ministre des Affaires étrangères sous Macron, qui a été remplacé par la diplomate de carrière Catherine Colonna en mai de l’année dernière.
Le Drian n’est pas quelqu’un de facile. Il est venu plusieurs fois au Liban, comme ministre de la Défense puis comme ministre des Affaires étrangères, pour sauver ce qui pouvait l’être.
Il avait raison dans tout ce qu’il disait aux Libanais, honnêtement, mais pas honnêtement. Il s’attendait même à ce que le Liban coule comme le Titanic, mais sans musique pour accompagner le naufrage. Il a appelé les Libanais à s’aider eux-mêmes avant de demander de l’aide aux autres. Il s’inspire du proverbe français qui dit : « Aide-toi, Dieu t’aidera ».
Le Drian est venu cette fois à Beyrouth pour voir si quelque chose de plus pouvait être fait pour sortir de l’état de stagnation qui caractérise la situation libanaise, état qui se reflète clairement dans l’incapacité d’élire un nouveau président de la République huit mois après la fin du mandat. Mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022. L’ancien ministre des Affaires étrangères est arrivé en mission d’information face à l’opposition face à la politique de la France au Liban, politique fondée sur l’élection de Suleiman Franjieh, le candidat du Hezbollah, basé. comme Président de la République.
La position française suggère une capitulation devant une réalité à laquelle il n’existe actuellement aucune échappatoire. C’est une réalité incarnée par la forte présence du Hezbollah, qui n’est rien d’autre qu’une brigade des Gardiens de la révolution iranienne. Le parti contrôle les moindres détails du Liban grâce à une présence à tous les niveaux.
Pour que le président de la République libanaise reste chrétien, il n’a d’autre choix que de se soumettre au Hezbollah, qui insiste pour décider qui sera le chef de l’État au Liban. Cela signifie simplement que le parti impose des conditions à quiconque souhaite prendre cette position. C’est ce qui s’est passé avec le duo Michel Aoun – Gebran Bassil, et c’est ce qui se passe actuellement avec Suleiman Franjieh, que les Libanais ne peuvent soutenir avec un minimum de logique, même s’il ne peut pas être aussi mauvais que le duo dans lequel il vit. Palais Baabda entre 2016 et 2022. .
La promotion française de Suleiman Franjieh n’était rien d’autre qu’une capitulation devant le statu quo au Liban et un aveu que la nature du pays avait changé, d’une part. Le Liban que la France a connu et où elle a défendu sa présence pendant de nombreuses années n’existe plus.
De ce point de vue, cela n’a pas de sens que Le Drian adopte une approche différente, étant donné l’équilibre des pouvoirs existant au Liban et dans la région qui permet à l’Iran d’être le parti dominant dans ce petit pays et d’empêcher l’élection d’un président. de la République pour une durée indéterminée.
Le problème de la France avec le Liban ne réside pas seulement dans la complexité de la situation intérieure et dans l’incapacité des Libanais à s’entendre entre eux sur la confrontation avec le Hezbollah et l’occupation iranienne, mais le problème réside aussi dans le fait que la France n’a pas les moyens de le faire. cela lui permettrait également d’être influent au Liban.
Il y a un problème libanais et il y a aussi un problème français. Ce problème français n’a rien à voir avec la personne de l’envoyé Jean-Yves Le Drian ou d’autres personnes qui ont traité de la situation libanaise, comme Patrick Durel. La racine du problème réside dans les fluctuations mondiales de la politique française. Il s’agit notamment des relations de la France avec les pays d’Afrique du Nord et d’autres pays du continent récemment sortis de la sphère d’influence française. La relation avec l’Algérie, où un régime s’est appuyé sur l’hostilité envers la France, reste le meilleur exemple de la perte qui contrôle la politique étrangère d’un pays qui refuse de se débarrasser du complexe algérien et du chantage exercé par un groupe militaire qu’il a contrôlé. le pays et ses richesses depuis son indépendance de la France en 1962.
La France n’a pas seulement échoué en Algérie. Il a également échoué en Tunisie et s’est retiré de manière inappropriée des pays où il exerçait une grande influence, comme le Burkina Faso, le Mali et la République centrafricaine. Elle n’a pas amélioré l’établissement d’une relation normale avec le Royaume du Maroc, qui lui reproche sa réussite à sanctifier la marocanité du Sahara, comme si Paris était obligé à tout moment de ne pas irriter le régime algérien en ne prenant pas position sur la guerre. dirigé par le groupe militaire qui dirige l’Algérie avec tous les moyens dont dispose son voisin marocain.
Qui contrôle finalement le Liban et qui empêche l’élection d’un président ? La réponse est très claire. L’Iran, qui a chassé la France du Liban, ne voit dans ce pays qu’une carte qu’il peut utiliser à sa guise pour conclure un accord avec les États-Unis… et non avec la France. L’inquiétude dominante concernant la « République islamique » est américaine et non française. Téhéran estime que l’élection d’un président est importante pour l’Amérique, mais seulement dans certaines limites. Le gouvernement américain, à travers son envoyé Amos Hockstein, a obtenu ce qu’il souhaitait en octobre dernier lorsque l’Iran a permis au président de la République de l’époque, Michel Aoun, de parvenir à un accord sur la démarcation des frontières maritimes avec Israël…
Paris ne dispose pas de carte au Liban ou ailleurs qu’il puisse utiliser avec l’Iran. De même qu’il était venu à Beyrouth pour s’assurer qu’il n’y avait pas de place pour un changement dans la position du Hezbollah dans l’élection d’un président, Le Drian reviendra à Paris avec une nostalgie cachée. Le problème, ce ne sont pas les envoyés français. Le problème vient de la France elle-même, qui n’a pas encore compris la portée du coup qu’elle a subi le 23 octobre 1983, lorsque le quartier général de l’unité française près de l’aéroport de Beyrouth a été bombardé. L’Iran a chassé la France du Liban il y a quarante ans. Il n’est toujours pas possible qu’elle soit autorisée à revenir vers lui, même si elle utilise tous les moyens pour apaiser le Hezbollah.
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