Dans sa première interview télévisée avec le nouveau Premier ministre français Michel Barnier, dimanche 22 septembre sur France 2, Barnier a présenté les grandes lignes de sa future politique économique et sociale, évoquant le redressement du budget général et les nouvelles discussions sur les retraites. loi, et il n’a pas oublié le dossier de l’immigration, d’autant qu’il a nommé Bruno Ritello, un homme très à droite, à la tête du ministère de l’Intérieur, signe que le gouvernement veut mettre en place une politique d’immigration stricte.
« Nous, comme tous nos voisins, prendrons des mesures pratiques pour contrôler et limiter la migration, qui devient souvent insupportable et nous empêche également d’accueillir de manière adéquate ceux que nous accueillons dans notre pays », a déclaré le Premier ministre. L’équipe de Migrant News réfute les déclarations du Premier ministre sur les politiques d’immigration et d’accueil « devenues intolérables ».
La migration régulière n’enregistre pas d’augmentation significative
En matière d’immigration régulière, la France ne se distingue pas de la plupart des pays européens, puisque la proportion d’étrangers nés et vivant hors du territoire français est de 12,8% de la population totale, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques. A titre de comparaison : sur les 447,3 millions de personnes vivant dans les 27 pays de l’Union européenne en 2021, 55,4 millions sont nées à l’étranger, soit 12,4% de la population européenne totale. Par conséquent, la proportion d’étrangers vivant dans le pays est surveillée dans une certaine mesure.
Quant aux demandeurs d’asile, l’Office français de protection des réfugiés et des « apatrides » a accordé une protection internationale à 31 400 personnes en 2023, contre 27 100 l’année précédente et 24 000 en 2021. Cet organisme indépendant ne dépend cependant pas du gouvernement. Ils ne sont donc théoriquement soumis à aucun quota prédéterminé. Julian Boucher, l’actuel directeur de l’OFPRA, avait souligné lors de sa prise de fonction en 2019 que les décisions de l’OFPRA étaient prises « indépendamment de toute considération diplomatique et de toute politique d’immigration ».
Le nombre de migrants irréguliers est sous contrôle
Si le Premier ministre ne cible pas les étrangers légaux, il vise sans doute les immigrés entrés illégalement sur le territoire français. Il est difficile de déterminer le nombre de cette catégorie d’immigrés car ce sont des personnes qui ne sont pas enregistrées auprès des autorités françaises. Pierre Moscovici, le président de la Cour des comptes, interrogé devant la commission juridique en avril 2024, évaluait le chiffre à « 439 000 personnes vivant en situation irrégulière en France ».
« Le nombre est incertain et dépend des bénéficiaires de l’État Medicaid (AME), car nous savons que beaucoup ne demandent pas l’AME », a admis Moscovici. Il s’agit donc d’une estimation « fiable, mais certainement légèrement sous-estimée ». Si l’on se base sur ce chiffre officiel de 439 000 personnes, les clandestins représentent moins de 1% de la population française.
Alors, le nombre d’immigrés clandestins a-t-il augmenté récemment ? Est-ce par exemple sur la route de Montgenèvre, devenue l’un des principaux carrefours ?
Un afflux d’immigrés sans précédent entre l’Italie et la France ? La réponse est non, le département des Hautes-Alpes répond : « Depuis le 1er janvier (jusqu’au 20 septembre 2024) 2 689 personnes ont été interceptées en situation irrégulière à la frontière, contre 3 249 à la même période l’an dernier, dont .. « Cela représente 907 personnes considérées comme mineurs non accompagnés, contre 496 l’année dernière », ce qui signifie que les chiffres sont en baisse.
Cette baisse s’explique, entre autres, par une diminution des flux migratoires vers l’Italie : depuis le début de l’année, 45 000 migrants sont arrivés à Lampedusa, contre 132 000 sur la même période de 2023. La préfecture rappelle que « les personnes en une situation irrégulière vient principalement d’Italie, donc les flux vers la France sont liés aux flux vers l’Italie.
Les expulsions se multiplient
Même si le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Ritello insiste sur la nécessité de « rétablir l’ordre », force est de constater que la France ne fait pas preuve de « complaisance » en matière d’expulsions.
Les expulsions d’immigrants irréguliers ont augmenté au cours des trois dernières années. Selon le ministère de l’Intérieur, 22 700 personnes ont été expulsées volontairement ou de force du pays en 2023. C’est plus qu’en 2022 (19 400 expulsions) et en 2021 (16 800 expulsions).
Le système d’accueil des personnes en situation irrégulière peut-il être considéré comme un « échec » ?
En France, les immigrants clandestins n’ont droit ni au travail ni à l’aide gouvernementale, à l’exception de l’assistance médicale gouvernementale. Or, la plupart des migrants en France, notamment en région parisienne ou dans le nord, n’ont pas de papiers valides : soit parce qu’ils ne demandent pas l’asile (ils veulent aller en Angleterre), soit parce qu’ils sont « Dubliniens » (leurs dossiers d’asile ). sont enregistrés dans un autre pays européen) ou parce que leur demande d’asile a été rejetée. Ils risquent tous de recevoir des décisions « OQTF » (obligation de quitter le territoire français) et ainsi d’être expulsés.
Actuellement, cette catégorie de personnes, restée clandestine en France sans soutien particulier et sans abri, compte sur l’aide humanitaire (ONG et associations) pour survivre dans la rue.
Faut-il améliorer le système d’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés ?
« Il y aura des ruptures, plus de force et plus d’humanité à la fois », a annoncé le Premier ministre. L’« humanité » peut-elle être liée à une meilleure prise en charge des demandeurs d’asile ? Il s’agit de personnes qui, selon la Convention de Genève, peuvent légalement séjourner sur le territoire français en attendant que leur dossier soit traité. Ces personnes, « bienvenues dans notre patrie », restent coincées dans une crise administrative car elles ne sont pas des réfugiés légaux et ne vivent pas en situation irrégulière.
En France, le titre de séjour dans cette catégorie dépend de l’Office français de l’immigration et de l’intégration du ministère de l’Intérieur (OFII). Ils sont hébergés dans des « CADA » (centres d’accueil pour demandeurs d’asile), mais selon les rapports du ministère de l’Intérieur (pour la période 2021-2023), ces lieux souffrent de surcharge. « Plusieurs leviers doivent être actionnés simultanément : raccourcir les délais de traitement des demandes et créer de nouvelles conditions-cadres », indique le rapport.
Didier Leski, directeur général de l’OFII, contacté par l’équipe MigrantNews, indique qu’il y a désormais 115 000 places disponibles en France, « avec un taux d’occupation jusqu’à 97 % ».
En juillet, La Cimade dénonçait à nouveau ce manque de places : « Le nombre de places disponibles n’est toujours pas suffisant pour répondre aux besoins d’hébergement, le nombre de demandeurs d’asile étant toujours en attente ». […] En décembre 2023, ce chiffre atteindra 146 000. »
Les réfugiés légaux ont également des difficultés à s’intégrer dans la société une fois qu’ils ont reçu leur permis de séjour. Après avoir quitté la CADA ou le Système National d’Accueil (DNA), beaucoup n’ont pas les connaissances ou les compétences linguistiques suffisantes pour accéder au logement social, se retrouvent dans des démarches administratives françaises complexes et vivent dans des campements en marge de la société.
Charlotte Boitieu
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