Intervention inconnue !

En fait, c’est l’aspiration de Macron qui a conduit à rassembler des représentants à différents niveaux de pays traitant des affaires irakiennes, qu’ils soient géographiquement proches ou éloignés de l’Irak. Apparemment, tous les participants ont suivi l’invitation irako-franco-jordanienne en l’honneur de l’initiateur français sans aucune illusion ni ambition de réalisations remarquables.

Macron ne s’attendait pas à des miracles de la conférence, qui s’est déroulée le 20 décembre à la mer Morte en Jordanie. L’homme veut trouver une place pour son pays et une place dans la région aux portes de l’Irak, et c’est lui qui affronte les écueils aux portes du Liban et de l’Afrique du Nord. Avec l’hôte, le roi Abdallah II de Jordanie, il aspire à jouer un rôle impossible en assurant une connexion difficile entre les pays de la région.

La France, comme la Chine, les États-Unis, la Russie et d’autres, veut développer des relations et étendre son influence sur tous les grands pays de la région, sans s’immiscer dans leurs différends ni se ranger du côté de leurs divisions. La condamnation par le président français des ingérences « dictées par des puissances étrangères » rejoint toutes les positions des participants arabes, qui ont à leur tour réitéré leur rejet des ingérences extérieures dans les affaires de l’Irak et des pays de la région. Mais la diplomatie de la neutralité sélective pratiquée par Paris, Washington, Londres et d’autres, ainsi que Pékin et Moscou, n’aide en rien à stopper cette ingérence extérieure.

En fait, cette intervention se poursuivra tant qu’elle aura lieu sans dissuasion sur le terrain ni conséquences régionales et internationales. Compte tenu de la division et de l’inégalité face aux formes d’ingérence extérieure, les mécanismes de dissuasion font encore défaut. Qu’est-ce que l’ingérence de l’Iran ou de la Turquie ou d’autres est une opinion qui n’a pas de consensus arabe. Alors que le coordinateur de la politique étrangère de l’Union européenne Josep Borrell tient à restaurer l’esprit d’un accord nucléaire avec l’Iran que le président américain Joe Biden appelle mort, en marge d’une conférence où les positions des participants se sont rassemblées pour discuter de la conduite de Téhéran et dénoncer les dangers exorbitants qu’elle pose aux pays de la région.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, n’a pas écouté la position arabo-française, qui critiquait l’ingérence étrangère en Irak et dans les affaires de la région. Il n’était pas principalement concerné par la discussion des «axiomes» de la politique de Téhéran au Moyen-Orient, de Bagdad à Sana’a. L’homme qui a ravivé la mémoire de Qassem Soleimani et d’Abu Mahdi Al-Muhandis a commencé à promouvoir une rhétorique pacifique, que ce soit en préparant un retour aux accords de Vienne sur le programme nucléaire de son pays ou en préparant la normalisation des relations de son pays avec tous les pays du la région, en particulier l’Arabie Saoudite.

L’Iran a précédemment dénoncé l’ingérence turque dans les affaires irakiennes, sans que Bagdad n’exprime sa colère que Téhéran joue un rôle qui devrait être limité à ses autorités. En écoutant les critiques de l’ingérence étrangère, le représentant de la Turquie à la conférence, l’ambassadeur de Turquie en Jordanie Ismail Yilmaz, a pour sa part compris l’intention de nuire à l’Iran, et non à la Turquie, et s’est même plaint de l’ingérence dans les affaires nationales de son pays par le menaces terroristes émanant des pays voisins contre son pays.

Rien ne convainc le public que l’Irak est fondamentalement disposé à prendre ses décisions indépendamment de l’agenda de Téhéran. Personne n’était convaincu de la capacité du Premier ministre irakien Muhammad Shia’a al-Sudani, qui se présente comme candidat pro-iranien pour le « cadre de coordination », à tenir sa promesse que « son pays ne permettra pas à son pays de commencer utilisé par les avions menacent les pays voisins. » Les positions du ministre iranien des Affaires étrangères sur le bon voisinage, la coopération et le dialogue ne sont ni nouvelles ni convaincantes. Il n’y a aucune confiance sérieuse dans la reprise du dialogue saoudo-iranien, que Riyad a toujours considéré comme « exploratoire ».

La conférence dans sa deuxième et peut-être troisième édition, organisée par l’Égypte, est une tentative de créer un système de sécurité régional qui est encore complexe et désobéissant. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait auparavant tenté en vain de commercialiser une telle idée dans les pays de la région. Les plateformes officielles de l’Iran, surtout l’ancien ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, l’ont précédemment exigé sans écho. L’ancien président américain Donald Trump avait précédemment fait allusion à la formation d’une « OTAN » pour le Moyen-Orient, sans que les revendications ne deviennent une réalité sérieuse.

Le mécanisme de la Conférence de Bagdad ne traversera pas les frontières qui s’élargissent et se rétrécissent en fonction de l’évolution des conditions géopolitiques. Il suffit de regarder les changements en Irak, dans la région et dans le monde pour en déduire facilement la baisse des espoirs, le niveau de représentation et la diminution de la dépendance aux résultats favorables. La cause, unanimement assumée par les participants à la conférence, réside dans les interventions étrangères qui restent méconnues, assombries par des généralisations malveillantes puisqu’il n’y a pas de consensus arabe pour s’y opposer et qu’il n’y a pas de volonté internationale sérieuse de les assiéger. Et tandis que les contradictions des pays de la région s’approfondissent au point qu’ils ne parviennent pas à s’entendre sur un régime régional en Irak, le parrainage international que la France seule assume ne suffit pas à convaincre les partenaires de la conférence de faire plus que leurs capacités ne le permettent.

Édith Desjardins

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