La baisse des visas pour la France fait monter la colère au Maroc

Obtenir un visa pour entrer en France est devenu une denrée rare (Fadel Sana/AFP)

La colère générale au Maroc, animée par des organisations de défense des droits de l’homme, face au refus persistant des autorités françaises d’accorder des visas d’entrée à un certain nombre de Marocains dans leur pays est entrée dans une nouvelle phase. Une plainte a été déposée auprès du Comité des droits civils et politiques de l’ONU lors d’une manifestation devant le siège de la mission de l’Union européenne à Rabat, la capitale marocaine.

Alors que l’obtention d’un visa pour entrer sur le territoire français est devenue monnaie courante pour des milliers de Marocains alors qu’il en remplissait toutes les conditions, la Ligue marocaine des droits de l’homme (la plus ancienne organisation de défense des droits de l’homme au Maroc), dans une plainte qu’elle a reçue hier mercredi auprès de la Comité des droits civils et politiques des Nations unies, en alertant la présidence française sur « la gravité de cette violation des droits de l’homme et y remédiant, ainsi que les citoyens marocains de leur droit à se voir délivrer un visa en vertu des dispositions du droit et des pactes internationaux ». ”

La Commission marocaine des droits de l’homme a estimé que la France avait « commis une violation des droits de l’homme qui méconnaissait le contenu de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de l’article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques », notant que l’ambassade de France au Maroc a rejeté des milliers de demandes de visa « sans justification » et a plaidé pour des motifs politiques qui n’avaient rien à voir avec les citoyens marocains ».

À cet égard, le chef de la Ligue marocaine des droits de l’homme, Adel Chakito, a déclaré à Al-Araby Al-Jadeed que « malgré tous les efforts officiels de la France pour revenir sur sa décision et les correspondances des organisations de défense des droits de l’homme avec la présidence française et le ministère des Affaires étrangères, et malgré toutes les affirmations étayées par des preuves et des preuves qui indiquent l’illégalité de la décision et son dépassement de toutes les limites légales et des droits de l’homme, la France refuse de poursuivre son attaque contre l’un des droits les plus fondamentaux, à savoir le droit à la libre circulation, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Chakito a expliqué qu' »il existe des instances officielles qui fondent leur justification sur la position française sur l’article 12(3) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui autorise les États dans des circonstances exceptionnelles à exercer ces droits pour protéger la sécurité nationale, l’ordre public, la santé publique, la moralité publique ou les droits d’autrui. Cependant, nous pensons que les barrières françaises sont multicouches et bureaucratiques et n’ont rien à voir avec ce qui est indiqué dans ce paragraphe, mais entravent plutôt inutilement la pleine jouissance du droit des individus à la libre circulation, et elles relèvent de la catégorie des pratiques en proie à une série d’obstacles discriminatoires fondés sur des arguments politiques, d’autant plus que la République française a confirmé plus d’une fois, par l’intermédiaire de ses responsables, que cette décision est une décision punitive et une réponse politique à l’inaction du Maroc dans sa réponse à la demande.

Chiquito a ajouté: « Je crois que le système de valeurs universelles que la République française a défendu pendant des années s’est effondré face à ses tendances racistes, discriminatoires et coloniales. Leur président et leurs dirigeants n’hésitent pas à saisir toute occasion qu’ils offrent pour enseigner les valeurs des droits de l’homme et, dans la pratique, ils sont très éloignés du contenu de leur discours. Cela est confirmé par de nombreux comportements et décisions, dont la décision de restreindre la procédure d’obtention d’un visa français aux citoyens marocains qui ont fait une demande auprès de l’ambassade de France au Maroc ou des intérêts qui lui sont associés.

Ces dernières semaines, il est apparu remarquable que des ministres, anciens fonctionnaires, médecins et ingénieurs ayant l’intention d’assister à des réunions scientifiques organisées par la France, ainsi que des artistes, hommes d’affaires, étudiants et citoyens de passage, aient élargi le cercle des refus de visa France depuis de nombreuses années et obtenir des visas de longue durée.

En septembre 2021, le gouvernement français a décidé de durcir « les conditions de délivrance des visas d’entrée » pour les demandeurs des trois pays du Maghreb ; Tunisie, Algérie et Maroc. Il a réduit l’allocation annuelle de 30 % pour les Tunisiens et de 50 % pour les Algériens et les Marocains. Mais environ un an après ces mesures, les restrictions imposées aux Tunisiens et aux Algériens se sont assouplies tout en se durcissant sur les Marocains, suscitant une colère croissante dans le pays, allant jusqu’à appeler au boycott des produits français et punir Paris. Cela était évident dans les appels parlementaires du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita à « reconsidérer l’approche officielle du Maroc, en particulier en ce qui concerne les pays qui imposent des visas aux Marocains sous réciprocité » et en outre « imposer la perception de redevances dans les aéroports ».  » sur les pays où les Marocains ont besoin d’un visa avant d’entrer.

Dans une nouvelle étape montrant l’ampleur de la colère marocaine, l’Association marocaine des droits de l’homme (la plus grande organisation indépendante de défense des droits de l’homme au Maroc) a décidé d’organiser un sit-in symbolique devant la délégation de l’Union européenne à Rabat le mardi 4 octobre prochain pour protester ce qu’on lui fait : les demandeurs de visa « réparent les nombreuses violations du droit à la libre circulation et les souffrances réelles qui en résultent pour eux et leurs familles ».

Dans un communiqué, l’association a exprimé sa ferme condamnation « de la cruauté avec laquelle les consulats de l’Etat français au Maroc agissent contre les intérêts des citoyens marocains » et exprimé son étonnement « du soutien de l’Etat français à la procédure de recouvrement des redevances injustifiées ». a appelé à « la fin de ces pratiques honteuses » et à l’indemnisation des frais encourus par les services consulaires des citoyens marocains dont les demandes de visas de voyage ont été rejetées.

La fédération a ajouté que « la décision de l’État français de réduire de moitié le nombre de visas n’a d’autre explication que ses calculs coloniaux et exorbitants, qu’il applique aux pays dont les armées l’avaient auparavant colonisé, afin de les contraindre à abandonner son assujettissement plus grand à les intérêts militaires, économiques et géostratégiques ».

Il convient de noter que le nombre total de Marocains qui ont demandé des visas « Schengen » de l’Union européenne l’année dernière était de 157 100 personnes, tandis que 39 520 demandes ont été rejetées, soit un total de 27,6 %, ce qui signifie que le taux de rejet est plus élevé. Significativement par rapport au taux de rejet moyen mondial des demandes de visa Schengen.

Un rapport de l’Autorité générale pour les étrangers en France a révélé que les consulats français au Maroc n’avaient délivré que 69 408 visas en 2021, contre 342 262 visas en 2019 et 98 000 visas en 2020, malgré les restrictions sur les voyages internationaux dans le contexte de la pandémie de coronavirus -crise pandémique.

Denise Herbert

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