La France est sur le point de perdre le Burkina Faso au profit du Mali

Ce qui était attendu il y a des semaines est maintenant devenu réalité : le ministère des Affaires étrangères de l’ancienne colonie française du Burkina Faso a envoyé une lettre officielle au gouvernement français, violant l’accord de défense entre les deux pays en place depuis 2018 et exigeant que le le pays se retire en un mois. Les forces françaises étaient stationnées près de la capitale, Ouagadougou. Après l’annonce de la nouvelle avant-hier, Paris semblait désireux de commenter. Lors de la conférence de presse conjointe avec le chancelier Olaf Scholz à l’Elysée dimanche soir, la question a été posée au président français Emmanuel Macron et sa réponse a été la suivante : « J’attends que le président par intérim Ibrahim Traoré donne son avis… et nous sommes en attendant des éclaircissements de sa part. » devant lui sur le sujet. Macron a appelé à « l’extrême prudence » face à toute tentative d’induire en erreur certains partis, parmi lesquels il a cité « nos amis russes ». Ce n’est un secret pour personne que Paris se méfie beaucoup de la présence russe au Sahel et en Afrique en général. L’arrivée de membres du groupe russe « Wagner » au Mali a été l’une des raisons qui ont tendu les relations entre Bamako et Paris et ont conduit au retrait des forces françaises de ce pays.

Il existe de nombreuses similitudes entre le Mali et le Burkina Faso, les deux voisins qui ont fait face à des groupes djihadistes et terroristes et qui ont tous deux connu deux coups d’État militaires ces derniers mois. Le Burkina Faso est actuellement dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir le 30 septembre à la suite de son coup d’État contre le colonel Paul Henry Damiba, qui a renversé le gouvernement légitime avant lui. Cependant, leur point commun le plus important est leur relation avec l’ancienne puissance coloniale. Financièrement, la France est intervenue militairement début 2013 pour stopper l’avancée des groupes djihadistes vers la capitale, Bamako, dans le cadre de l’opération Serval, qui s’est transformée en opération Barkhane début 2014.

Et la mission de Barkhane s’est concentrée sur la lutte contre les groupes djihadistes-terroristes et sur l’aide au gouvernement de Bamako pour reprendre le contrôle des régions du nord et du triangle frontalier avec le Niger et le Burkina Faso. Cependant, avec les deux coups d’État militaires que le Mali a connus, les relations avec Paris se sont détériorées, surtout après les événements avec Barkhane d’une part et avec la puissance européenne de « Takuba » d’autre part pressant la France de le former. Avec l’arrivée de «Wagner», Paris a constaté que la coexistence n’était plus possible et la présence française a pris fin avec le Conseil militaire au Mali leur demandant de quitter le pays «Barkhane», ce qui s’est finalement produit en novembre dernier.

La situation n’est pas très différente au Burkina Faso, où un commando français de 400 hommes est stationné depuis des années, dont la tâche est d’aider à la guerre contre les organisations terroristes. Jean-Emmanuel Ouadrago, porte-parole du gouvernement à Ouagadougou, a confirmé hier que les autorités s’étaient officiellement retirées de l’accord de défense existant avec la France et qu’elles avaient demandé aux forces françaises de quitter le pays.

Selon les agences de presse, il a ajouté que cette demande « ne signifie pas la fin des relations diplomatiques avec la France ». Et des informations antérieures rapportaient que le ministère des Affaires étrangères du Burkina Faso avait envoyé une lettre officielle à son homologue français le 18 de cette année, l’informant du veto sur l’accord de défense existant entre les deux pays. Le principal argument derrière lequel se cachent les autorités de Ouagadougou est que les forces françaises n’ont « pas aidé » les autorités dans la lutte contre les groupes islamistes extrémistes qui s’étendent et contrôlent de plus en plus de régions du pays.

Selon des témoins de Ouagadougou, ces groupes contrôlent environ 40 % du territoire. De plus, de bruyantes manifestations anti-françaises ont régulièrement lieu dans la capitale, condamnant Paris et exigeant le retrait des commandos. Auparavant, les relations entre les deux capitales étaient tendues en raison de déclarations attribuées à l’ambassadeur de France Luc Halad mettant en doute l’efficacité des forces burkinabé dans la lutte contre ces groupes, et les autorités ont alors exigé son départ.

Le fait est que depuis que l’armée a étendu son autorité sur le Burkina Faso, les relations avec la France se sont tendues et, à leur tour, se sont rapprochées de Moscou. Et début décembre dernier, le Premier ministre burkinabé Kelem de Tambela a effectué une visite secrète à Moscou, où il a annoncé une intensification des liens avec la Russie. Parallèlement, l’arrivée de l’avant-garde de la troupe « Wagner » à Ouagadougou est fréquemment signalée et on lui confie deux missions ; Le premier est de maintenir les révolutionnaires dans le contrôle du pouvoir et de la sécurité du système qu’ils établissent. La seconde est de remplacer la force française en aidant l’armée burkinabè à affronter les organisations djihadistes, une tâche que les autorités affirment que la France n’a pas accomplie.

Hier, le journal français indépendant Le Monde a cité Mohamed Souadogo, un membre parisien d’un groupe soutenant les putschistes et l’armée, disant : « Les terroristes nous attaquent nous et l’armée française depuis des années, qui est l’une des armées les plus puissantes du le monde, ne nous aide pas, et si la France l’avait voulu, elle l’aurait fait.” ».

Des drapeaux russes et des portraits du président Poutine ont été hissés lors d’un rassemblement anti-français dans la capitale vendredi dernier. Depuis des mois, Paris met en garde contre la propagande hostile de la Russie, des médias et des groupes qui se rallient à elle en Afrique, notamment au Sahel, et de la « déformation » qu’elle pratique sur la réalité du rôle de la France.


Léone Duchamps

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