« La mer est devant vous »… L’homme ne vivra pas que par la migration

« La mer est devant vous »… L’homme ne vivra pas que par la migration

Son directeur est curieux des réactions des Libanais après les succès à l’étranger


Vendredi – 25 Dhu al-Qi’dah 1443 AH – 24 juin 2022 AD Issue No. [
15914]


Le réalisateur libanais Elie Dagher – L’actrice Manal Issa dans le rôle de Jana dans une photo du film

Beyrouth : Vivian Haddad

Lorsque le réalisateur libanais Elie Dagher a appris que son film The Sea Ahead entrerait au Festival de Cannes, il a pris la nouvelle comme une récompense à sa fatigue. Sa reconnaissance par une organisation cinématographique à ce niveau doit avoir un impact positif sur lui localement et mondialement, comme il l’a mentionné à Asharq Al-Awsat.
Aujourd’hui, Dagher connaît des moments plus heureux avec le lancement de son film dans les salles libanaises. Il est curieux de voir comment les Libanais vont réagir face à lui après avoir remporté de grands succès à l’étranger.
A l’invitation de la société « MC », qui distribue le film, une émission spéciale a été organisée pour la presse. Suspense dès la première scène, qui met en scène d’immenses vagues marines qui effraient le spectateur malgré leur éloignement. Dagher a su traduire le titre de son film par une attitude cinématographique expressive, comme s’il affirmait que la mer c’est comme la migration, on ne peut pas s’attendre à ce qui va t’arriver tant que tu es dans ton cœur.
Le film raconte l’histoire d’une immigrée nommée Jana, qui revient soudainement de France dans son pays d’origine, le Liban. Quand tu commences à vivre une migration différente dans un pays qui ne ressemble plus à celui que tu as quitté. La stagnation s’est emparée du Liban, les ténèbres sont partout et son peuple est accablé par de nombreux grands problèmes. Cela l’affecte négativement, elle ressent donc une double migration dans laquelle il y a beaucoup d’incertitude.
Dagher transmet l’état de perte des Libanais avec une caméra confiante, pleine de détails qui peignent une vraie réalité. L’héroïne du film, Jana (Manal Issa), incarne le mystère qui domine l’avenir des jeunes qui, même s’ils décident d’émigrer, ne connaissent pas leur destin et ce qui les attend. Ces jeunes vivent une lutte acharnée avec eux-mêmes, affirmant qu’ils ont pris la bonne décision de quitter leur foyer et qu’ils portent un grand désir dans leur cœur.
Quant aux déceptions, Dagher les traduit en différentes scènes, on les voit plusieurs fois dans les yeux de Jana et d’autres dans la cigarette de sa mère (Yara Abu Haidar) et souvent dans la peur de son père (Rabee’ Al-Zahr) et elles rappellent toutes une réalité que tout le monde veut oublier, d’autant plus que Jana est revenue de sa migration pour retrouver la vie, la fuyant pour voir sur son visage triste la perte d’espoir dans toutes ses dimensions.
L’atmosphère de The Sea Before You plane sur le rythme cinématographique calme qui vous avertit de l’explosion de ce qui peut arriver en un instant. Vous restez attiré par les événements étranges du film, qui soulèvent de nombreuses questions pour vous comme s’il s’agissait d’une énigme que vous ne pouviez pas résoudre.
Les scènes du film attendent plus de 40 minutes pour découvrir le sourire sur le visage de Jana alors qu’elle erre dans sa ville à la recherche d’un point de lumière pour l’aider à se remettre de sa perte. Le simple fait de retourner dans les bras du premier amant a réussi à rompre son isolement, mais seulement dans une mesure limitée.
Dans la bande, il y a une atmosphère pleine de tristesse et de mélancolie qui s’échappe parfois grâce aux scènes qui réunissent les deux amants dans des moments romantiques et fous à la fois. Même pendant les plans où le réalisateur Dagher se concentre sur la mer et nage dans ses eaux la nuit, on reste inquiet pour cette fille qui a quitté la maison sans prévenir. Ils perçoivent l’énorme gouffre entre les parents et leurs enfants, car aucun ne cherche à s’adapter ou à comprendre les sentiments de l’autre.
Les thèmes sociaux, fatidiques et patriotiques du réalisateur Dagher l’ont incité à les explorer dans son long métrage. Il a dit à Asharq Al-Awsat : « Ces questions m’attirent et m’intéressent et elles concernent mon pays. Nous sommes tous obsédés par les matins au Liban, surtout les jeunes. Certains d’entre eux quittent le pays dans l’espoir… Mais l’immigration n’est pas toujours la bonne solution.
Tout au long du film, le spectateur attend une explosion psychologique qui pourrait frapper Jana, qui joue son rôle avec un professionnalisme absolu, amplifiant les sentiments de tristesse et d’insatisfaction d’une manière qui touche intimement ses scènes.
Son visage fronce indirectement les sourcils, il sympathise également avec la Jane frustrée et errante. Quant à Yara Abu Haidar, elle vole votre attention par nature car elle joue le rôle d’une mère confuse essayant en vain de réconforter sa fille. Quant à Habib Jana (Roger Azar), il présente un personnage qui lui tient à cœur et qui fait la différence entre les autres personnages de l’oeuvre. C’est un mécanicien qui répare des voitures et vit tous les jours.
Et on se rend compte dans le contexte du film que Jana l’a quitté dans le passé car il n’est pas à son niveau académique. On découvre alors qu’il est le seul à avoir pu lui procurer quelques instants de joie, même s’il s’agit d’une relation superficielle, mais plutôt la perte d’un passé récent avec des sentiments illusoires.
L’explosion se produit, le film se termine, et l’image de la perte et du flou revient. C’est le cas de la jeunesse libanaise, debout au milieu de la rue, face à la mer et à sa ville, vivant dans un état de conflit peu enviable. Ils ne savent pas quelle décision prendre face à une patrie perdue. Ils cherchent une paille à laquelle s’accrocher, comme dans Jana’s Limestone Dreams et l’hypothèse que Dagher décrit si magistralement tout au long du film.
A noter que le réalisateur Elie Dagher a remporté la Palme d’or au Festival international du film de Cannes en 2015 pour son précédent court métrage « Move 98 ».


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Denise Herbert

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