L’adoption d’une loi controversée sur l’immigration en France, dont l’extrême droite considère les mesures comme une « victoire idéologique », a déclenché une grave crise politique au sein de la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron après la démission du ministre de la Santé Aurélien Rousseau.
Après des mois de sessions législatives tendues, le Parlement a finalement voté mardi soir la loi sur l’immigration, qui durcit les conditions d’admission des étrangers en France, ce qui a été salué par la droite et l’extrême droite, dirigées par Marine Le Pen, qui a qualifié cette mesure de « victoire idéologique ».
Le porte-parole du gouvernement français a confirmé mercredi que le ministre de la Santé Aurélien Rousseau avait présenté sa démission et avait été « temporairement » remplacé par l’actuelle ministre déléguée chargée des professions de santé, Agnès Ferman-Le Bodeau.
La démission de Rousseau intervient alors qu’il s’oppose à la loi adoptée mardi soir par le Parlement, mais le président du Parlement a souligné lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion du gouvernement qu' »il n’y a pas de révolte des ministres ».
Le Parlement français a finalement approuvé le projet de loi controversé mardi soir après que 349 députés l’ont soutenu à la Chambre des représentants et que 186 députés sur 573 participants l’ont rejeté peu après son adoption au Sénat. Mais 59 membres de la majorité ont voté contre ou se sont abstenus.
En savoir plus sur le texte controversé de la loi française
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a immédiatement salué l’adoption du projet de loi. Il a tweeté et a déclaré dans un message sur le
La présidente de l’Assemblée nationale, Yael Bron-Pevih, a déclaré sur BFMTV-RMC que « la majorité vit un moment douloureux » et a reconnu qu’« il y a des tensions ». L’un des partisans de Macron a considéré le soutien de l’extrême droite comme un « coup sérieux » porté à la majorité.
De son côté, le gouvernement a confirmé que le texte aurait été adopté même sans le vote du Rassemblement national – c’est à dire si ses représentants s’étaient abstenus – et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a salué l’adoption d’un texte « fort et ferme » protégeant les Français et la Réglementation de la situation des travailleurs illégaux.
Les analystes politiques et l’opposition confirment que le projet de loi n’aurait pas été adopté si les représentants du Rassemblement national avaient voté contre.
La Première ministre Elisabeth Borne a déclaré mercredi matin sur France Inter : « Je suis une personne très humanitaire. Je me suis assuré que le texte respectait nos valeurs.
Par ailleurs, il a reconnu que certaines mesures pourraient être anticonstitutionnelles et que le texte « pourra être modifié » après examen par le Conseil constitutionnel après que le Président de la République le lui aura transmis.
Après les critiques, le Premier ministre a cherché à confirmer qu’il n’y avait pas de « crise » parmi la majorité d’entre eux, même si plusieurs ministres issus de « l’aile gauche » des partisans de Macron ont menacé de démissionner si le texte était adopté.
Le président Macron, qui a fait de ce texte un test de sa capacité à réformer d’ici la fin de son second mandat, s’exprimera mercredi soir dans une émission télévisée.
« Profanation de la République »
Après avoir été réélu en 2022 et avoir battu Marine Le Pen sur la promesse de perturber l’extrême droite, le président doit répondre aux critiques de ceux qui l’accusent de détruire le Front républicain.
Le journal Le Figaro (à droite) écrit mercredi dans un éditorial que « cette histoire laissera une marque profonde ».
De son côté, le journal de gauche « Libération » titrait « insulte républicaine », tandis que le communiste « L’Humanité » écrivait que la république était « ternie ».
Mais en l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, le texte a été fortement durci pour s’assurer les voix des députés de droite : les prestations sociales ont été réduites, des quotas d’immigration ont été fixés, la loi sur l’acquisition automatique de la nationalité à la naissance en France a été révisée et la « criminalisation du séjour illégal » a été réintroduite. ..Toutes ces mesures ont été saluées par le Rassemblement national, qui y voit une consécration de son pilier idéologique de « priorité nationale ».
De son côté, Eric Schutte, leader des Républicains (Droite traditionnelle), parti dont les idées s’alignent de plus en plus sur l’extrême droite, a salué la « victoire historique de la droite ».
L’opposition de gauche a critiqué le texte et le député socialiste Boris Vallo a accusé le gouvernement de « céder aux idées les plus corrompues ». Le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une « victoire dégoûtante ».
La question de l’immigration, constamment évoquée en France comme dans d’autres pays européens, suscite de profondes divisions au sein de la classe politique. Une réforme controversée sur ce dossier a permis de parvenir mercredi à un accord à Bruxelles.
Il y a 5,1 millions d’étrangers en situation régulière en France, soit 7,6 % de la population. Il accueille plus d’un demi-million de réfugiés. Les autorités estiment qu’il y a entre 600 000 et 700 000 immigrants illégaux dans le pays.
La loi Darmanin sur l’immigration vise à contrôler le nombre d’arrivées, à réguler les conditions des résidents illégaux et à augmenter les taux d’expulsion.
Afin de répondre à la pénurie de main d’œuvre dans certains secteurs, la nouvelle loi propose d’accorder un titre de séjour d’une durée de trois ans à ceux qui ont travaillé dans ces secteurs sur le territoire français pendant huit mois consécutifs, à condition que celui-ci ne comporte pas le droit au regroupement familial.
Le plus controversé est que la loi permettra la délivrance de permis de travail, initialement pour un an, aux immigrants illégaux travaillant dans des secteurs où il est difficile de trouver un emploi, comme la restauration, les services et les soins de santé.
Sources supplémentaires • AFP
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