Le Dialogue en arabe
David Savurcada… ancien officier de la marine française, instructeur dans plusieurs agences de sécurité privées et membre de nombreuses sociétés nationales. Il est actuellement secrétaire général du Centre d’études et de recherches sur le bonapartisme et leader du mouvement Appel pour le peuple. Il traite des effets de la déclaration de la République française en 1848.
Lors de crises politiques ou sociales majeures, les secours arrivent généralement au moment le plus critique et c’est quelqu’un qu’il faut remercier. Cela est connu, ou plutôt dérivé, de la sagesse de tout un peuple ; Le bonheur est la nation où les gens peuvent élever leur voix au-dessus du bruit de la fête. Néanmoins, Montesquieu, dont les penchants n’étaient pas entièrement démocrates, écrivait de ce fait : « Le peuple mérite l’admiration lorsqu’il choisit ceux à qui il doit déléguer une partie de son pouvoir.
La révolution de 1848 (22, 23 et 24 février) a été précédée d’une grave crise financière et économique et a été exacerbée par le mécontentement croissant du public face aux politiques absolutistes et conservatrices de Guizot. Cette révolution évinça Louis Philippe du trône qu’il avait arraché aux Bourbons en 1830. Ne voulant pas perdre leur victoire, les républicains refusent la nomination du comte de Paris et nomment un gouvernement provisoire.
Le 24 février 1848, la France est de nouveau proclamée république. Cette déclaration faisait normalement l’objet d’une ratification nationale par vote populaire, mais cette ratification n’a jamais eu lieu. Cette nouvelle république a fait sensation en septembre-octobre non seulement à cause de la rédaction de la Constitution, mais surtout à cause de la question de l’élection de son président et de la manière dont ces élections se sont déroulées. Bref, la date des élections est fixée au 10 décembre 1848.
Contrairement à la Révolution de 1830, les bonapartistes n’ont joué aucun rôle en février et il semble que seul « l’enthousiasme » de la culture napoléonienne soit présent place de Grève ou place Vendôme. A la chute de Louis-Philippe, le prince Louis-Napoléon Bonaparte revient d’exil et offre ses services au gouvernement provisoire. Sous prétexte des difficultés que pouvait causer la présence du prince à Paris, le gouvernement formé depuis les journées de février invita Louis Napoléon à quitter la France. Peu disposé à provoquer des événements et à empêcher son éventuel retour au sommet de la scène politique publique, le prince est retourné à Londres.
Les premières élections à l’Assemblée constituante en avril ont pris par surprise les partisans de l’émir et le groupe Berseny. Sans véritables nominations bonapartistes, Bersigny, le banquier Aristide Ferrer et les conspirateurs de Strasbourg, menés par le général Piat, forment le Comité napoléonien. Ce comité « secret » défend la mémoire de l’épopée sans préciser aucune politique bonapartiste. À la suite de cette propagande, le nom du prince a reçu de nombreux votes, bien que Louis Napoléon n’ait pas été candidat; Et si le bonapartiste ne jouait guère de rôle en avril 1848, on voit déjà qu’il y avait encore un petit noyau bonapartiste dans le pays.
En juin, lors de l’élection partielle, Louis-Napoléon décide de franchir le pas et Persigny est de nouveau appelé à jouer le rôle de « capitaine de campagne ». Avec l’appui de quelques loyalistes, mais pratiquement sans argent et sans l’appui d’aucun journal, il mettra sur pied des comités dans les gouvernorats pour poser des affiches et distribuer divers tracts. A Paris, à deux jours des élections, les habitants de la capitale peuvent lire sur les murs une affiche rose les incitant à voter pour les « défenseurs du peuple ». Ces affiches étaient signées par des ouvriers et des notables, dont Victor Hugo.
Au grand étonnement de la classe politique actuelle, le 4 juin, le prince est simultanément élu député dans les départements de la Seine, de l’Yonne, de la Charente-en-Freur et de la Corse. Le Gouvernement de la République s’est trouvé en mauvaise posture non seulement à cause de ces résultats, mais aussi et surtout à cause de la grande joie que l’annonce de ces élections a suscitée dans l’opinion publique. Selon certaines rumeurs, si Bonaparte retournait en France, il y serait arrêté, suscitant de nouveaux troubles à propos du nom du prince et incitant ses partisans à menacer le gouvernement de refermer de force les portes du pays pour que les élections à Paris s’ouvrent si l’Assemblée insistait, et de refuser lui un retour en France. Conscient de ces divergences affectives, Louis-Napoléon envoya sa démission de Londres, lui suscitant une grande sympathie.
Les Journées de la rébellion se sont déroulées à Paris du 23 au 26 juin, après que le Conseil a décidé le 21 juin de fermer les Ateliers nationaux. Elle fut aujourd’hui réprimée par le général Cavaignac et causa la mort de plus de 4 000 personnes. Elle a également conduit à l’émergence du parti religieux. Ces émeutes, qui secouent le pays, poussent Louis Napoléon à revenir à Paris et le gouvernement ne s’y oppose pas. Il se présentera aux élections partielles de septembre.
Après que l’Assemblée eut voté par référendum pour élire le président de la République, le prince Louis-Napoléon présenta sa candidature. Il dut lutter contre de nombreux rivaux : le poète Lamartine, le Jacobin Raspail, le démagogue Ledru Rollin, mais le général Cavaignac fut le plus redoutable car il était très populaire et soutenu par toutes les troupes gouvernementales.
Comme la campagne lors des élections législatives, la campagne présidentielle ne sera pas ostensible. Faute d’argent et d’hommes, le prince ne peut compter que sur un petit cercle d’amis – Bersigny, Fleury, Mockward – et aussi sur la Commission électorale centrale, qui comprend la Commission napoléonienne du général Piat et celle du faubourg de Montmartre. Quant à sa correspondance avec la presse, Louis Napoléon ne peut s’appuyer que sur un petit nombre de journaux, dont cependant Le Constitutiononle de Ferron, La Presse d’Émile de Girardin et Evenman de Victor Hugo. Pour sa part, Cavaignac a le soutien de la majorité de la presse, le soutien de pratiquement tous les représentants de l’assemblée et, surtout, un examen minutieux et un soutien.
Mais l’esprit français est secoué par un profond enthousiasme : Napoléon reprend une place active sur la scène de la vie nationale ! Le nom de Cavaignac, à son tour, fait allusion au soulèvement de juin avec lequel il a réprimé à grands frais la haine des classes ouvrières dans les grandes villes, tandis que l’éradication de la pauvreté a prêté au nom glamour de Louis Napoléon Bonaparte un attrait et une sympathie populaires. Dans les campagnes, encore « enchantées » par les souvenirs de Napoléon et aussi désillusionnées par le pouvoir établi, elles se préparent à porter au pouvoir le candidat princier. Il ne faut pas oublier la satisfaction ressentie par une petite partie de la bourgeoisie, plus soucieuse d’ordre et de sécurité que de liberté, à l’arrivée de l’héritier Napoléon. Il a aussi le soutien tardif de quelques personnalités du Parti de l’Ordre : il persuade Odilon Barrot, Molly et surtout Thiers.
Tout au long du mois de novembre, les médias anti-princiers et bonapartistes ont échangé des railleries et des avertissements, mais alors que les manifestants et les nouvelles commençaient à affluer des provinces, le résultat des élections ne faisait aucun doute.
De même que la population des cinq départements élit ingénieusement son vice-président, la quasi-totalité de la France nomma Louis Napoléon Bonaparte Président de la République le 10 décembre 1848. Nous voyons ici la défaite écrasante des républicains modérés et l’écrasement des républicains « avancés ». Sur sept millions cinq cent dix-sept mille électeurs, l’émir a reçu cinq millions cinq cent soixante-deux mille voix. Le général Cavaignac, candidat officiel, reçut un million quatre cent soixante-neuf mille, Ledru-Rollin trois cent soixante-seize mille, Raspail trente-sept mille et Lamartine vingt mille. Sur les sept électeurs, cinq ont voté pour le prince Napoléon. Ce résultat écrasant a permis de faire taire certains opposants au référendum, qui déclaraient que « le résultat doit toujours correspondre à la volonté du gouvernement qui l’a annoncé »… L’échec de Cavaignac est le rejet le plus formel de cette théorie.
Il a fallu attendre le 20 décembre pour que Louis Napoléon soit nommé président de la République. Sur le parvis de l’Assemblée nationale, son président Marrast a prêté le serment que doit prêter le président de la République : « Devant Dieu et devant le peuple français, représenté par l’Assemblée nationale, je jure de rester fidèle à la République démocratique , a et indivisible, et de remplir tous les devoirs que la Constitution m’impose. – La main tendue, le Prince Président dit à haute voix : « Je le jure. Il a été laissé à Louis Napoléon Bonaparte de lire une brève déclaration : « Mon devoir est établi, je le remplirai en homme d’honneur. » Je verrai les ennemis de la patrie dans tous ceux qui tenteront de changer ce que fait la France. par des moyens illégaux créés… Soyons des hommes du pays, non des hommes de faction, et Dieu nous aide nous ferons au moins du bien si nous ne pouvons faire que du grand.
Comme l’écrivait René Raymond : « L’élection du 10 décembre a déclenché une nouvelle force politique radicalement différente de ses cheikhs, dont les millions d’électeurs ont immédiatement établi le pouvoir dans le pays. Ainsi Louis-Napoléon Bonaparte, neveu du grand Napoléon, devient le premier Président de la République élu au suffrage universel avant de devenir le dernier souverain de France 22 ans plus tard, mais c’est une autre histoire.
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