Dans une démarche qui présente des risques pour ses voisins et l’Europe, l’armée nigériane a abrogé une loi vieille de huit ans.

Hier, mardi, la junte militaire du Niger a signé un décret abolissant la loi de 2015, promulguée pour lutter contre le trafic illicite de migrants en provenance de pays africains par la principale route migratoire du Niger vers l’Europe.

Le chef de la junte militaire nigériane, le général Abderrahmane Chiani, a déclaré dans un décret que « les condamnations prononcées en vertu de la loi susmentionnée et leurs effets seront annulés ».

Ibrahim Jean Etienne, secrétaire général du ministère de la Justice, a annoncé que le ministère envisagerait la libération de toutes les personnes condamnées en vertu de la loi.

L’abrogation de la loi constitue un développement supplémentaire dans les tensions politiques croissantes entre le Niger et les pays de l’Union européenne, qui ont imposé des sanctions à ce pays d’Afrique de l’Ouest en réponse au coup d’État de juillet dernier qui a renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum.

Cette législation permettait aux autorités de sévir contre les passeurs transportant des migrants à travers le vaste désert du Niger vers la Libye et l’Europe avant la chute de Bazoum.

La loi donne aux forces de sécurité et aux tribunaux le pouvoir de poursuivre les passeurs, qui risquent jusqu’à cinq ans de prison s’ils sont reconnus coupables.

Mais le président Mohamed Bazoum, qui a travaillé avec l’Union européenne pour stopper le flux de migrants à travers la Méditerranée, a été renversé en juillet dernier.

Les observateurs estiment que cette décision indique que la junte militaire à Niamey, la capitale du Niger, cherche à affirmer son autorité sur la souveraineté du pays malgré la pression internationale.

À la suite du coup d’État, l’Union européenne a suspendu toute forme de coopération en matière de sécurité avec le Niger.

Josep Borrell, chef de la politique étrangère de l’Union européenne, s’est joint aux États-Unis et à la France pour rejeter la reconnaissance du général Chiani comme dirigeant.

Borrell a déclaré que l’aide financière au Niger serait suspendue indéfiniment.

Une étape qui accroît les craintes

On ne sait pas encore clairement comment le bloc européen réagira au sérieux revers de sa stratégie de gestion des flux migratoires en provenance d’Afrique.

En 2015, plus d’un million de demandeurs d’asile et de migrants ont tenté de rejoindre l’Europe, ce qui a incité le Niger à promulguer la loi désormais abrogée.

La région d’Agadez au Niger est considérée comme la porte d’entrée de l’Afrique de l’Ouest vers le Sahara et constituait une route importante pour les Africains tentant d’atteindre la Libye pour rejoindre l’Europe via la Méditerranée et pour ceux qui rentraient chez eux avec l’aide des Nations Unies.

On craint désormais que les gangs de trafiquants d’êtres humains voient dans l’abrogation de la loi une opportunité de repousser les migrants vers le Niger voisin afin de les amener en Europe.

Le Niger est une partie importante de la région africaine du Sahel, une ceinture terrestre s’étendant de l’océan Atlantique à la mer Rouge.

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