Jeudi – 7 Shawwal 1444 AH – 27 avril 2023 Numéro d’édition AD [16221]
Algérie : «Asharq Al-Awsat»
Hier au Mali, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Ataf, s’est entretenu avec des responsables gouvernementaux et des représentants de mouvements rebelles dans le nord sur la nécessité de concilier d’urgence leurs différences politiques et de s’en tenir à « l’accord de paix », selon des sources qui ont enquêté sur la question. L’objectif est de mobiliser les groupes extrémistes, qui sont revenus sur les lignes de front de la sécurité ces derniers jours avec l’assassinat d’un haut responsable de l’Autorité de transition pour barrer la route.
Selon les mêmes sources, Ataf est arrivé à Bamako en provenance de Mauritanie mardi soir dans le but de remettre un message du président Abdelmadjid Tebboune au chef du gouvernement intérimaire, le colonel Asimi Guetta, qui comprend « l’importance de sortir de l’impasse politique dans laquelle ce pays frontalier avec l’Algérie est coincé, et met l’accent sur la mise en œuvre de l’accord de paix. » L’Algérie a eu le soutien des deux parties au conflit, à savoir le gouvernement central, depuis sa signature sur son sol en 2015, et des organisations armées touarègues dans le nord.
Notamment, en Mauritanie, Ataf a discuté lundi et mardi de la situation sécuritaire aux frontières au milieu des attaques répétées contre les convois commerciaux algériens.
Un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères a confirmé qu’Ataf s’est entretenu hier avec le colonel Malek Diallo, le chef du « Conseil législatif de transition » sur « l’incarnation des avantages financiers nationaux liés à la mise en œuvre de la période de transition, ainsi que les développements liés à la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation, la situation actuelle au niveau régional et le rôle de la représentation du personnel.
Le « Comité d’état-major » a été créé à Tamanrasset dans le sud algérien en 2013 et comprend, outre l’Algérie, les commandants des armées du Mali, du Niger et de la Mauritanie. Sa mission est de diriger des frappes militaires préventives contre les fiefs des « djihadistes » armés dans la région subsaharienne et aussi de limiter le rôle des forces françaises dans la région dans leur guerre contre les « djihadistes », aboutissant à leur expulsion définitive, comme s’est produit l’année dernière avec le retrait de la « Force Barkhane » française (5 000 militaires) au Mali.
Des observateurs en Algérie estiment que le transfert d’Ataf entre la Mauritanie et le Mali se déroule dans des circonstances délicates marquées par le retour notable des groupes terroristes à leurs activités. Le 18 de ce mois, une organisation affiliée à Al-Qaïda appelée Jamaat Nusrat al-Islam wa al-Muslimin, Omar Traoré, le chef du bureau du président par intérim, et trois soldats maliens ont été tués dans une embuscade au centre du pays. Il est bien connu que l’Algérie considère le Mali comme sa propre préoccupation sécuritaire et tient à s’y implanter politiquement et sécuritairement sans concurrence.
Le Mali attend des élections présidentielles le 4 février 2024, mettant fin à la phase de transition dans laquelle le pays est entré après le coup d’État contre le président Ibrahim Abu Bakr Keita le 20 août 2020, avec le verdict rendu par le jeune officier Asimi Guita.
Mardi, l’Algérie a annoncé qu’Ataf se rendait au Mali « dans le cadre du renforcement des relations bilatérales et du soutien à la paix et à la stabilité dans ce pays frère voisin ». Au début de sa visite, il a rencontré son homologue Abdou Lai Diop, ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants et ministre de la Réconciliation nationale chargé de l’accord de paix.
Un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères a confirmé qu’Ataf a discuté avec eux « surmonter les obstacles qui entravent actuellement les efforts pour achever la voie de la paix et de la réconciliation au Mali ». Ils ont également évoqué la coopération bilatérale dans les domaines liés aux télécommunications, à la fibre optique, aux carburants, à l’enseignement supérieur, à la formation et à l’augmentation du nombre de vols de l’Algérie à Bamako pour en faire un pôle régional continental.
Le communiqué ajoute qu’Ataf a discuté avec les responsables du fisc : « Les avantages à venir que les deux pays vont réunir dans les domaines politique, économique et commercial, ainsi que le suivi de la mise en œuvre des projets prévus ».
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