Ces dernières années, une variété de nouveaux outils d’édition de gènes, appelés nouvelles technologies génomiques ou nouvelles techniques de sélection, ont vu le jour, ciblant principalement les insectes et les plantes.
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Vendredi dernier, plus de 100 scientifiques et experts du monde entier ont appelé les dirigeants mondiaux à interdire la libération dans la nature d’organismes vivants modifiés par la biotechnologie génétique, qui coïncidait avec la 15e réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la biodiversité ( POLIZEI 15).
Dans un article écrit à l’initiative de l’ONG française « Polines » et dont le contenu a été récemment présenté à Montréal, des scientifiques des domaines de l’écologie, de la biologie moléculaire, de la génétique et autres ont appelé au « respect du principe de précaution sur un plan mondial ». « Tant qu’il n’y a aucune preuve, assurez-vous que des effets directs et indirects ne sont pas causés. Appliquez ces nouvelles biotechnologies génétiques, leurs produits, organismes et composants sans dommage. »
Ils craignaient que « ces biotechnologies ne nuisent aux populations d’insectes pollinisateurs et n’accélèrent leur déclin » car elles sont « essentielles pour la biodiversité, le fonctionnement des écosystèmes et l’augmentation des rendements des cultures ».
Les négociations de la « Cop 15 », qui se poursuivront jusqu’au 19 décembre, porteront sur ce sujet. Leur cohérence peut soit conduire à plus de réglementation, soit au contraire faciliter leur utilisation.
De nouveaux outils pour l’édition de gènes
Ces dernières années, une variété de nouveaux outils d’édition de gènes, appelés nouvelles technologies génomiques ou nouvelles techniques de sélection, ont vu le jour, ciblant principalement les insectes et les plantes.
Contrairement aux organismes dits génétiquement modifiés, qui insèrent un gène externe dans une plante ou un animal, ces nouvelles technologies permettent de modifier le génome d’un organisme sans apport extérieur.
Les détracteurs de ces technologies parlent d' »OGM cachés » ou de « nouveaux OGM » et craignent des effets néfastes sur la biodiversité. Mais leurs partisans voient des solutions pour la santé humaine, l’agriculture ou la protection des espèces.
Parmi les projets les plus en vue dans ce domaine figure celui mené par la Fondation Bill et Melinda Gates, qui vise à stériliser les moustiques femelles grâce à la technologie du « forçage génétique », qui repose sur l’introduction d’une modification génétique sur deux allèles du chromosome pour assurer la modification est transmise à tous les descendants pour éradiquer le paludisme, considéré comme un moustique vecteur, pour la première fois en Afrique.
Les nouvelles technologies du génome permettent également le « silençage génétique », qui supprime certaines expressions géniques chez les animaux ou les plantes. Les grandes entreprises agro-industrielles Bayer-Monsanto et Syngenta développent des pesticides à base d’un aérosol d’ARN dits « interférents » qui neutralisent l’expression de certains gènes d’insectes. Cela permet de lutter contre les ravageurs des cultures comme le doryphore de la pomme de terre, qui détruit les cultures de pommes de terre, ou la drosophile asiatique, qui s’attaque aux arbres fruitiers.
Du labo au terrain
Du côté des plantes, l’utilisation de nouvelles techniques de sélection permet « d’améliorer les plantes » en « les rendant résistantes aux virus et aux herbicides ou en réduisant leur stress hydrique », selon Christophe Robalia, professeur de biologie à l’université d’Aix-Marseille et expert en organismes génétiquement modifiés auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments.
Les partisans de ces technologies sans OGM exigent qu’elles soient progressivement supprimées des laboratoires et des essais sur le terrain, en particulier en Europe, où elles sont réglementées par des organismes dits GM.
Rubalia, qui critique la « vieille » législation européenne sur les organismes génétiquement modifiés et les nouvelles technologies de sélection, a ajouté : « La question n’est pas pour ou contre, ce sont des technologies simples. Le facteur décisif est de savoir comment elles sont appliquées, pour quel cadre juridique il convient de mettre en place. »
Le sujet le plus controversé
L’utilisation de ces techniques chez les insectes est la question la plus controversée.
Les scientifiques – qui ont signé l’appel – craignent la propagation, notamment le « transfert horizontal de gènes » vers des espèces non ciblées, conduisant à un déséquilibre dans les interactions entre espèces et donc à la perturbation de la biodiversité globale.
« Il est impossible d’intervenir sur le génome d’un individu sans interagir avec tous les membres de son espèce, avec les autres espèces et plus généralement avec tous les organismes », a prévenu le commissaire général des Polynes, Nikola Lahrmann.
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