Correspondants d’Al Jazeera Net
8 mars 2024–|Dernière mise à jour : 3 août 202421h05 (heure de La Mecque)
Paris- A l’occasion du 25ème anniversaire de l’accession au trône du Roi Mohammed VI. Au Maroc, le président français Emmanuel Macron a décidé de reconnaître la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental dans une lettre adressée mardi dernier au roi du Maroc.
Macron a souligné dans son message que le plan d’autonomie marocain de 2007 était « la seule base » pour résoudre la « rivalité régionale » entre Rabat et les séparatistes sahraouis affiliés au Front Polisario, fondé en 1973 sur les territoires sahraouis contestés.
La position de la France a provoqué la colère de l’Algérie, opposée au Maroc sur cette question depuis la guerre du sable de 1963, et qui a décidé quelques heures après la publication de la lettre de retirer son ambassadeur de Paris, ce qui représente l’échec de la « mémoire ». « la politique de réconciliation » que Macron a lancée ces dernières années.
Heure de détection
Paris a toujours évité de reconnaître explicitement la « souveraineté marocaine » sur le Sahara, estimant plutôt que la perspective présentée par le Royaume représente « une base de discussion bonne et crédible », même après que l’ancien président américain Donald Trump a accepté la reconnaissance du Sahara annoncée par le Maroc. souveraineté sur le Sahara à travers son territoire en décembre 2020. Une superficie de 266 000 kilomètres carrés au bord de l’océan Atlantique.
Le directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques de Paris, Leslie Varenne, affirme que la France aurait dû s’appuyer dès le début sur les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur la loi sur le Sahara occidental. Selon elle, Paris a pris cette position au pire moment de son histoire, puisque le gouvernement a démissionné alors que l’Elysée « prend encore des décisions qui auront sans aucun doute un impact néfaste sur le pays ».
Concernant la symbolique du moment de la reconnaissance, compte tenu de l’instabilité politique en France et en plein milieu des Jeux olympiques, Leslie, dans son entretien avec Al Jazeera Net, n’a pas exclu l’hypothèse qu’Israël était derrière ce qui s’est passé et a poussé Paris en raison de ses propres intérêts liés à la question de la normalisation de cette étape et a ajouté : « À l’époque Macron, tout était surréaliste. »
De son côté, l’historien français et spécialiste des affaires africaines, Bernard Logan, a qualifié la reconnaissance française de « ferme » et « ambiguë » à la fois, puisque Paris a toujours reconnu cette réalité mais a voulu modifier un peu la position de l’Algérie.
Logan a ajouté sur Al Jazeera Net que le message du président Macron au roi Mohammed VI. du Maroc – à l’occasion du 25e anniversaire de son règne – avait pour but de lever cette ambiguïté et de confirmer une vieille position française.
Le langage des intérêts
Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Ségornet, avait ouvert la voie à cette reconnaissance lors de sa visite à Rabat en février dernier : « Le Sahara est une question existentielle pour le Maroc et la France sait que c’est le moment d’aller de l’avant. »
Quant au ministre démissionnaire du Commerce, Franck Riester, il avait évoqué en avril dernier les opportunités économiques entre les deux pays, ouvrant la porte aux investissements de l’Agence française de développement au Sahara occidental.
Du point de vue des chiffres globaux du commerce extérieur, l’historien Logan estime que la France est à peu près à égalité avec les deux pays africains (Maroc et Algérie), mais il estime que « les capacités marocaines sont plus importantes que celles algériennes, d’où le rapprochement » entre les deux pays. Paris et Rabat deviendront plus logiques sur le plan économique à l’avenir.
Le spécialiste des affaires africaines ne prend pas au sérieux l’éventualité d’une interdiction des exportations algériennes et l’explique en disant : « Le gaz algérien ne représente que 8 % de la consommation française, alors que le pétrole ne dépasse pas 9 % et que les investissements directs français en Algérie occupent la troisième place ». aux États-Unis. » Et en Italie.
Logan est convaincu qu’« en cas de représailles suite à cette reconnaissance, la France sera le premier pays à ralentir la délivrance des visas – jugés chers pour l’Algérie par rapport au Maroc ou à la Tunisie – ou à imposer une taxe sur les transferts quotidiens effectués ». de la communauté algérienne, ce qui fait gonfler les budgets.
Des hauts et des bas diplomatiques
Le virage diplomatique de la France a suscité la colère des autorités algériennes, qui y voient une démarche qu' »aucun autre gouvernement français avant lui n’a jugé nécessaire » et qui « n’a pas clairement évalué toutes les implications possibles », a noté le ministère des Affaires étrangères.
Dans ce contexte, le Dr. Leslie Farren ne s’attend pas à une crise avec l’Algérie, même si les relations entre les deux pays n’ont pas été très bonnes et très volatiles au cours des sept dernières années. La majorité de la population s’aime malgré les problèmes politiques, comme elle l’a dit.
Elle a poursuivi : « Au lieu de jouer le rôle de médiateur entre deux voisins engagés dans des différends diplomatiques, Paris a aggravé la situation, même si sa reconnaissance aujourd’hui ne changera pas les résolutions des Nations Unies ».
Elle estime que seul un plus grand soutien international à la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental pourrait changer. « Si davantage de pays reconnaissent cela, Rabat pourra affirmer qu’il a une plus grande légitimité. » Mais l’erreur que commet le royaume, selon lui, est de s’enfermer dans un moule occidental, ce qui signifie que quiconque reconnaît sa souveraineté sur le désert est occidental.
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