Quand le chantage français au Maroc prendra-t-il fin ?

Écrit par Saeed Al-Kahl

Les gouvernements français traitent le Maroc comme leur terrain de vie, qui en raison de la situation coloniale qu’il a subie, veut qu’il reste son arrière-cour où aucune organisation internationale ou autre puissance économique ne peut le concurrencer. Bien que le Maroc ait accédé à l’indépendance, la France s’est empressée de résister à toute tentative de rompre les liens de dépendance économique et culturelle à son égard.

Car les liens stratégiques qui lient le Maroc à la France ne permettent pas à cette dernière de continuer à le traiter comme une nouvelle colonie indépendante ayant besoin d’aide ou d’orientation pour gérer les affaires de l’Etat.

Cette doctrine coloniale n’a pas été libérée par la classe politique française pour rétablir des relations équilibrées avec toutes ses anciennes colonies. La droite, la gauche et le centre français circulant à l’Elysée maintiennent les mêmes fondamentaux de politique étrangère envers les pays proches des Français soumis au colonialisme.

Pour cette raison, les gouvernements français cherchent à continuer à contrôler les décisions politiques de ces pays par des méthodes de pression et de chantage offertes par des questions sensibles qui peuvent exploser, qu’elles soient internes ethniques ou liées aux frontières tracées par le colonialisme.

La persistance de ces enjeux/conflits garantit à la France de continuer à exploiter les ressources des ex-colonies. On comprend dès lors le balancement des relations diplomatiques avec la France entre tension, stagnation et coopération, alors que les enjeux des droits de l’homme, de la démocratie et du développement en France n’ont jamais fait partie des colonies parmi les priorités des gouvernements français, soucieux d’établir des dépendances et de garantir des intérêts matériels et stratégiques.

La France, comme d’autres pays coloniaux, a soutenu des dictatures dans de nombreux pays du monde, y compris en Afrique, mais lorsque ses intérêts exigent l’utilisation de la carte des droits de l’homme pour élargir le champ de l’exploitation et du pillage, elle se positionne comme son farouche défenseur.

La France ne s’attendait pas à ce que le Maroc bascule les règles de sa diplomatie de la défense vers l’attaque, se mettant sur un pied d’égalité avec lui-même, notamment avec les pays européens : il autorise 128 navires européens à pêcher dans les eaux marocaines pendant quatre ans en échange de 52,2 millions d’euros que l’Union européenne octroie chaque année au Maroc).

1- Recours au pouvoir judiciaire pour rendre des jugements mettant fin aux accords commerciaux et agricoles avec le Maroc (le dernier de ces jugements a été rendu en septembre 2021 mettant fin à l’accord de pêche et à l’accord agricole car il viole les provinces du sud du royaume incluses). Ce n’est pas la première fois que la justice fait chanter le Maroc : en décembre 2015, la Cour européenne de justice a jugé que l’accord sur l’échange de produits agricoles et de la pêche entre les deux parties était résilié car il incluait les produits du Sahara marocain. A l’époque, le Maroc n’avait d’autre choix que de faire appel du verdict et d’engager des négociations qui se termineraient en faveur de l’Union européenne, qui continue de lui tordre le bras.

2 L’utilisation du Human Rights Paper sur de multiples aspects ou niveaux, que ce soit pour abriter et mobiliser les putschistes contre le régime et les mobiliser si nécessaire, ou pour exhorter les séparatistes à exiger l’extension des compétences de la MINURSO aux droits de l’homme dans les régions désertiques , Il oblige le Maroc à se soumettre au chantage après que la France se soit imposée comme un État protecteur de ses intérêts et les défende. La France a également osé poursuivre en justice M. Abdellatif Hammouchi, le chef de l’Agence de surveillance territoriale, accusé de « complicité de torture » dans l’affaire d’un trafiquant de drogue.

3- Utiliser la question du Sahara comme carte de pression la plus puissante pour faire chanter le Maroc, compte tenu de la qualité de membre permanent de la France au Conseil de sécurité et des pouvoirs dont elle dispose (participation à la rédaction de la résolution de l’ONU, droit de veto). La France est sur la voie de ce chantage depuis quatre décennies. Le plus récent d’entre eux a remporté l’accord de train à grande vitesse entre Tanger et Casablanca.

Historiquement, la France et l’Espagne sont restées les deux pays qui ont le plus fait chanter le Maroc en intégrant leurs rôles (l’Espagne pousse et la France gronde), c’est-à-dire que l’Espagne incite le Polisario à porter plainte et réclamer contre le Maroc, tandis que la France joue le rôle un protecteur est un allié contre toute résolution de l’ONU qui menace les intérêts du Maroc.

Le jeu a donc continué et ne devait se terminer qu’avec la décision historique du président américain Donald Trump déclarant que les États-Unis reconnaîtraient la souveraineté marocaine sur le Sahara. La décision de bouleverser l’équilibre des pouvoirs et de libérer le Maroc de l’emprise franco-espagnole, car les deux pays n’ont pas accepté cette décision et n’ont pas fait pression sur l’Amérique pour qu’elle la retire, d’autant plus que Joe Biden a pris la présidence du Maroc. Il avait cruellement besoin de l’Américain. initiative qui lui assurerait une protection, un soutien et des moyens suffisants pour traiter de pair à pair avec les pays du chantage. Et si l’Espagne et avant cela l’Allemagne ont compris la situation nouvelle qu’était devenue le Maroc après les accords d’Abraham et ont changé leur position sur le conflit du Sahara en soutenant explicitement la proposition d’autonomie proposée par le Maroc en 2007, la France n’a pas tiré profit de la leçon et n’a pas compris le discours royal à l’occasion de l’anniversaire de la Marche verte 2021, qui mettait l’accent sur le critère de sortie de la « zone grise » pour construire des partenariats économiques et commerciaux avec les pays (on dit à ceux qui ont des positions ambiguës ou doubles que le Maroc ne bouge pas économiquement ou commercialement avec eux qui n’inclut pas le Sahara marocain);

C’est la même position exprimée par Sa Majesté à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple le 20 août 2022 (Le Dossier Sahara est la lentille à travers laquelle le Maroc regarde le monde et c’est le critère clair et simple pour mesurer la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats).

La France n’a pas encore compris les changements radicaux des positions marocaines et n’a pas encore compris le sens de la phrase de M. Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères, selon laquelle « le Maroc d’aujourd’hui n’est pas le Maroc d’hier », et elle continue à croire que le chantage approche qui a été utilisée pendant des décennies continuera d’être utile pour assujettir le Maroc à elle.

La situation a changé et il est temps que la France accepte l’égalité de traitement du Maroc et cherche des moyens d’améliorer ses relations stratégiques avec lui.Tout retard ou manœuvre ouverte aura un impact sur la France et fera que la France perd plus que gagne. faire savoir à la France que la portée de ses manœuvres est très limitée ; Elle ne risquera pas de perdre ses liens historiques et stratégiques avec le Maroc, tout comme elle a commencé à perdre ses positions dans certains pays africains à cause de l’idéologie coloniale dont elle ne s’est pas débarrassée, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Tchad.

Le Maroc poursuit sa stratégie d’élargissement de sa force régionale et de diversification de ses partenariats internationaux pour ne pas être l’otage d’aucune partie. En fait, le Maroc a de nombreuses façons de compenser les relations avec la France ; Par conséquent, ce Maroc a besoin de plus que ce dont il a besoin.

Les opportunités d’investissement, que ce soit au Maroc ou en Afrique, que recherchent l’Allemagne, les Etats-Unis d’Amérique, la Chine puis la Russie à travers un partenariat avec lui, ne peuvent attendre que la France hésite et joue entre les pays du Maghreb.

Le Maroc a pris sa décision lorsque Sa Majesté a annoncé le 2 novembre 2021 : « Pour le Maroc, son Sahara n’est pas négociable ».

A partir de là, jouer avec la carte Visa ne fera que créer plus d’insatisfaction et d’insatisfaction dans le cœur du peuple marocain envers la France et la langue française, exhortant le Maroc à revoir ses relations avec lui au fur et à mesure que la situation l’exige. Le Maroc ne renonce pas à ses liens historiques, mais il ne renonce pas à ses intérêts stratégiques

Malgier Martel

"Wannabe fauteur de troubles. Gamer. Incurable mordu des réseaux sociaux. Explorateur. Étudiant. Fan de télévision amateur."

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *