Jean-Gabriel Ganasia, professeur à la Faculté des sciences de l'Université de la Sorbonne en France, a mis en garde contre l'impact de l'intelligence artificielle sur les humains en modifiant les connexions humaines, le processus de prise de décision et en influençant les équilibres politiques.
Ganasia a expliqué lors d'un colloque sur les enjeux scientifiques, éthiques et politiques de l'intelligence artificielle, aujourd'hui jeudi, dans le cadre des Journées scientifiques de l'Université Mohammed VI Polytechnique de Benjarir, que cette intelligence crée de nouvelles vulnérabilités dans le monde.
Parmi ces points, l'expert français a mentionné ce qu'on appelle le « deepfake », une technologie basée sur la création de fausses vidéos à l'aide de programmes informatiques qui utilisent l'intelligence artificielle pour qu'elles apparaissent comme si elles étaient réelles.
Ganasia a déclaré : « Les deep fakes sont exploités pour donner l’impression que des informations ou des déclarations de responsables sont authentiques, comme ce fut le cas avec l’ancien président américain Barack Obama, ou pour falsifier des vidéos de personnes dans des situations intimes afin de ternir leur réputation. »
L’intelligence artificielle pose également un problème en termes de souveraineté des États, remise en question dans leurs relations avec les nouveaux acteurs que sont les organisations internationales, les géants de l’internet, les mafias ou les réseaux terroristes.
Ganasia a expliqué que « les privilèges souverains des États, notamment en matière de défense, de sécurité intérieure, d’économie, de justice et de diplomatie, sont menacés par les géants du numérique qui cherchent à les obtenir ».
L’intervenant a également souligné que « l’intelligence artificielle soulève des défis éthiques liés à la protection de la vie privée, compte tenu des bases de données personnelles et des nombreux éléments connexes sur lesquels nous comptons dans notre vie quotidienne ».
Ganasia a également souligné l'importance des lois qui tentent de réglementer la protection des données personnelles, comme la loi RPGD de l'Union européenne, qui souligne la nécessité pour chaque institution de déclarer un objectif légitime pour le processus de collecte de données personnelles.
La loi susmentionnée exige la transparence dans la collecte et le partage des données avec les parties avec lesquelles les institutions collaborent, en plus de protéger les droits des personnes en prévoyant la possibilité de refuser définitivement la collecte, la rectification ou la suppression des données.
Pour souligner l'importance de l'éthique, Ganasia a invoqué la parole du philosophe serbe Vladimir Jankovic : « Le mal est la séparation des vertus et le fait de n'avoir qu'une seule vertu… Le mal, c'est être courageux sans être loyal, et loyal sans être juste. »
Dans ce contexte, l'expert français estime que « le mal à l'ère du numérique est de défendre la protection de la vie privée sans se soucier de la transparence. Il favorise la transparence sans garantir la sécurité individuelle. Il défend la sécurité sans se soucier de la liberté.
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