La moindre chose que l’on souhaite voir à l’écran en ce moment, ce sont peut-être davantage de journaux de guerre et de destruction, mais cela n’a pas empêché la série « Toute la lumière que nous ne pouvons pas voir » de dominer les vues sur la plateforme Netflix.
La courte série, limitée à 4 épisodes, est basée sur le roman du même nom de 2014 de l’écrivain américain Anthony Dower.
Pour le réalisateur et producteur canadien Shawn Levy et le scénariste britannique Steven Knight, traduire un roman de 550 pages à l’écran était un défi de taille. Ce qui a doublé le défi, c’est la popularité de ce roman lauréat du prix Pulitzer, vendu à 15 millions d’exemplaires dans le monde.
Vague « 1310 »
C’est l’histoire de Marie-Laure Leblanc, la française aveugle, et du soldat allemand Werner Fenning, et le chemin entre eux pavé de sang en raison de l’hostilité de leurs pays pendant la Seconde Guerre mondiale. Il n’existe à la radio qu’une seule émission qui tire le fil entre eux, tisse le récit et constitue leur colonne vertébrale.
De l’orphelinat où il a grandi au camp d’entraînement brutal où il a déménagé en raison de ses excellentes compétences en matière d’installation de radios et de détection d’ondes, Werner entend la vague 1310. La voix du professeur lui parvient et lui fait vivre certaines des horreurs de sa vie. Journal oublié . « Le Professeur » s’adresse à la génération montante pour ouvrir ses horizons à la science, à la philosophie et au sens de la vie, loin du bruit de la guerre.
De l’autre côté de l’Allemagne et depuis sa maison parisienne, où elle vit avec son père, « Marie » écoute « le professeur » depuis qu’elle est enfant. Il éclaire l’obscurité de leurs yeux, surtout lorsqu’il répète : « Les lumières les plus importantes sont celles qu’on ne voit pas ».
Pierre de vie éternelle
Marie et son père, directeur d’un musée, quittent Paris pour s’installer à Saint-Malo, dans le nord-ouest de la France, après l’intensité croissante de l’occupation et à la veille de l’intervention des troupes de la coalition dirigée par les États-Unis pour libérer le pays des Allemands. À Lake City, la jeune fille apprend beaucoup de choses sur « Le Professeur » et y reçoit également la radio afin de devenir la voix qu’entend le soldat « Werner ».
Piégée par le feu et la poudre à canon, Mary est seule à la maison. Elle appelle son père, qui a dû partir. Emportant avec lui le secret d’une pierre précieuse qui donne la vie éternelle à son porteur, il partit. Un officier allemand suit la trace de ce joyau et recherche « Mary ». Il veut retrouver la pierre à tout prix car il est malade et sur le point de mourir.
Pendant ce temps, sous la direction de son oncle Etienne, Marie émet des signaux et des coordonnées déguisés qui aident à localiser et à cibler les emplacements de l’ennemi allemand. Son plan ne passe pas inaperçu auprès des officiers allemands, qui chargent leur auditeur enthousiaste « Werner » de la rechercher et de la tuer. Pour un soldat épargné par les atrocités, la mission semble impossible malgré la brutalité du camp et les horreurs de la guerre.
La faute à la langue
La série suit le rythme des flashbacks sur le passé des personnages puis revient sur leur présent. Il existe de nombreuses transitions temporelles qui peuvent parfois fatiguer le spectateur et lui faire perdre son contexte.
Le scénario se déroule entre l’enfance de Mary entourée de son père et son grand amour et ses soins. Il lui apprend à naviguer dans les larges rues et les ruelles bondées de Paris. Il l’emmène au Musée des Sciences Naturelles où il travaille. Il l’entraîne à transformer sa perte de vue d’une malédiction en une bénédiction. Lorsqu’ils déménagent de la capitale à Saint-Malo, il lui construit une maquette en bois qui épouse les rues et les maisons de la ville pour qu’elle ne s’y perde pas.
Werner, à son tour, se sépare de sa sœur à l’orphelinat pour rejoindre l’armée allemande. Il suit un entraînement qui n’a rien d’humain puis part à la recherche de « Mary ».
La série est critiquée pour sa lenteur, notamment dans le premier épisode. Il est également surprenant que sa langue originale soit l’anglais, sachant que les événements se déroulent entre le français et l’allemand et que Netflix a auparavant investi dans d’énormes productions qui dépassent les frontières de la langue. Le spectateur aura peut-être l’impression qu’il aurait été plus naturel et spontané que les personnages parlent dans leur langue maternelle, sans que les acteurs n’utilisent d’accents artificiels.
Lumière par Aria Mia Loretti
Contrairement aux critiques, parmi lesquelles le manque de fidélité de la série au texte du livre d’Anthony Dower et à ses personnages, il y a quelques points positifs. La plus brillante de ces lumières est peut-être l’actrice Aria Mia Loretti, qui a joué le personnage de « Mary ». Le réalisateur Shawn Levy l’a choisie pour le rôle parmi des milliers de candidats. Il a insisté sur le fait qu’elle était véritablement aveugle et qu’elle n’était pas qu’un simple acte.
Loreti apporte de la sincérité et un sens profond au rôle, tout en éclairant la série, fournissant une bouée de sauvetage à l’œuvre dans son ensemble. Le jeune Américain, spécialisé en philosophie, communication et sciences politiques, n’a aucune formation d’acteur et n’a eu aucune formation ni expérience de performance avant d’affronter la caméra de Levy. Le réalisateur a misé sur elle pour son « intelligence évidente et son charisme devant la caméra » et a gagné.
Parmi ceux qui ont livré une performance captivante, il y avait Nell Sutton dans le rôle de « Mary » lorsqu’elle était jeune. Même si elle a déjà huit ans, Sutton se démarque par son professionnalisme et fait fondre les cœurs par sa spontanéité. Les deux filles ont surpassé leurs collègues professionnels tels que Mark Ruffalo dans le rôle du père de Mary et Hugh Laurie dans le rôle de l’oncle Etienne.
C’est également le mérite de la série que les scènes de bombes soient parfaitement réalisées, avec notamment des effets spéciaux de haute qualité. On sait que Netflix n’a pas lésiné sur le travail de production et le tournage a été délocalisé entre Budapest (Hongrie) et Saint-Malo (France).
Loin des scènes de destruction et de pertes humaines, la courte série véhicule un message plein d’humanité et d’émotion qui dépasse la laideur de la guerre. Il n’y a sûrement pas de moment plus approprié pour un tel message !
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