« J’aime ça »… une Marocaine partage les détails de son harcèlement dans l’affaire du célèbre homme d’affaires français

La jeune marocaine Sarah (pseudonyme) se souvient de son choc lorsque son manager, accusé de deux chefs d’agressions sexuelles au Maroc et en France, lui a dit la première fois au travail : « Tu as l’air de sortir d’une boîte de nuit, mais j’aime ce. »

Elle ne s’attendait pas à ce que cet incident soit le début d’un calvaire qu’elle n’a commencé qu’après avoir décidé de rompre le silence pour porter plainte pour harcèlement sexuel avec six de ses collègues contre le célèbre homme d’affaires en France, Jacques Petité, qui dirigeait la succursale. groupe du groupe d’assurance « Asso 2000 ». C’est l’entreprise où travaillait Sarah dans leur succursale marocaine à Tanger (Nord).

Le juge d’instruction en charge de ce dossier a poursuivi jeudi l’examen de l’affaire devant un tribunal de Tanger, où il devrait inciter à un affrontement entre les plaignants et les accusés.

Les chapitres du « cauchemar » vécu par Sarah, 28 ans, remontent à 2018, lorsque l’accusé est arrivé à la succursale marocaine de l’entreprise lors d’une de ses visites régulières et a salué tous les travailleurs comme d’habitude.

Ce jour-là, « j’ai été surprise quand il m’a dit (c’est comme si tu sortais d’une boîte de nuit mais j’aime bien) et il a fixé mes cuisses », raconte-t-elle à l’AFP.

« J’ai été choqué, mais ses paroles semblaient normales pour les autres. On m’a dit qu’il avait l’habitude de faire de telles remarques », a-t-elle déclaré.

perte de travail

Sarah, qui a passé quatre ans dans l’entreprise qui s’appelle désormais Vivali, a préféré ignorer les propos déplacés de son patron au travail. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit inculpé dans une affaire de traite des êtres humains en France, où il est détenu, sachant que Poitier, 75 ans, nie les accusations.

Après la révélation de cette affaire, quatre plaignantes au Maroc ont rompu leur silence et décidé de dénoncer un « système intégré » de harcèlement sexuel des travailleurs de l’entreprise lors d’une conférence de presse à Tanger en juin.

Un média rare pour les jeunes femmes marocaines qui ont accusé un homme d’affaires français de harcèlement sexuel

Quatre jeunes femmes au Maroc ont porté plainte contre l’homme d’affaires français Jacques Petité, arrêté dans une affaire de « viol sur mineur » qui suscite l’intérêt en France, l’accusant de harcèlement sexuel, a indiqué vendredi une organisation de défense des droits humains qui les soutient. . à Tanger.

Elles ont envisagé de parler le visage couvert pour protéger leur vie privée, alors que les plaintes pour agression sexuelle sont encore rares au Maroc sous la pression de la stigmatisation sociale.

Neuf cadres de l’entreprise sont suivis dans ce dossier, dont six en garde à vue, six Marocains et trois Français. Mais l’AFP n’a pas pu communiquer avec leur défense.

Les problèmes de Sarah se sont aggravés en 2020 lorsque Poitier a demandé à la voir à son cabinet après avoir fait l’objet d’une « plainte » d’un client de l’entreprise, mais il « a profité de cet entretien pour me demander de lui envoyer mes photos ».

Après avoir refusé d’accéder à sa demande, il m’a demandé « de le présenter à ma petite soeur ou à un de mes parents ou amis en échange d’un joli cadeau », ajoute-t-elle.

Et elle poursuit : « J’ai réagi diplomatiquement de peur de perdre mon emploi, mais bien sûr j’étais déterminée à ne pas reculer. »

Le lendemain, Sarah décide de révéler ce qui s’est passé à ses supérieurs immédiats, mais elle s’étonne que personne ne prenne l’affaire au sérieux et que « l’un d’eux pense que j’étais le coupable ».

Quelques mois plus tard, l’accusé est revenu lui demander de la revoir, « dans un cadre privé, mais j’ai refusé », raconte-t-elle, révélant des conversations entre eux sur l’application WhatsApp.

Le combat continue

Après trois ans dans l’entreprise française, Sarah a demandé une promotion mais a été informée par ses patrons que « Jack n’est pas content d’elle ».

C’est alors que « j’ai compris que si je continuais à refuser de me plier à son harcèlement, je n’aurais plus d’avenir dans cette entreprise ».

« Je me demandais si j’étais responsable de ce qui m’était arrivé, dit-elle. L’atmosphère était si mauvaise que j’ai eu des pensées suicidaires. »

Au printemps 2020, j’ai été invité à un voyage au Panama que l’entreprise avait organisé pour un certain nombre de ses utilisateurs, mais cela s’est avéré être un enfer pour eux.

Pendant ce voyage, « Il était toujours concentré sur moi et j’étais toujours au centre de ses notes sur ma robe, disant que j’étais sexy et que mes seins étaient beaux. C’était insupportable. »

A son retour à Tanger, sa santé mentale s’est détériorée, un psychiatre lui a délivré un certificat de suspension de 15 jours, et comme par hasard, le « scandale de la beauté en France a explosé » deux jours seulement avant qu’elle ne reprenne le travail, ce qui « n’était pas surprenant ». « moi ».

L’ouverture d’une enquête pénale sur l’accusé en France a incité les employés de la filiale marocaine de l’entreprise à révéler leur harcèlement et à partager leurs témoignages dans un groupe privé sur Facebook.

Sept d’entre eux, avec le soutien de l’Association marocaine des droits des victimes, ont porté plainte contre lui.

Sarah décrit cette initiative collective comme « un pas énorme, je n’obtiendrais rien si je restais seule ».

« Être une communauté, même si nous ne nous connaissions pas auparavant, nous a permis de nous sentir en sécurité », dit-elle.

Même si elle « commence à sortir de l’épreuve », « la lutte continuera jusqu’à ce que justice soit rendue », conclut-elle.

Denise Herbert

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