La France et le saut vers l’inconnu | politique

|

Le Nouvel Observateur, un hebdomadaire français respecté, a qualifié les résultats du deuxième tour des élections législatives du 7 juillet de « bond dans l’inconnu ». Les résultats des élections ont été sans précédent, ont mis en danger l’architecture constitutionnelle française et pourraient avoir un impact sur le rôle et la position internationale de la France dans un contexte de changements majeurs.

Alliances hybrides

Le second tour des récentes élections a été une surprise complexe. Tout le monde s’attendait, selon les sondages d’opinion et la tendance dominante, à ce que le parti du Rassemblement national (le parti d’extrême droite) arrive en premier, et on s’attendait à ce que le jeune homme de droite Jordan Bardella devienne Premier ministre, mais la surprise a été que le « Nouveau Front Populaire » (qui fait partie de l’organisation La France Fière qu’il dirige) prend la première place, la coalition Ennahda autour du Tout du président passe à la deuxième place, et la Coalition Ennahda autour du Parti « Tous » du Président passe à la deuxième place, devant du « Rassemblement National » tombant à la troisième place.

Cependant, ces trois forces ne parviennent pas à obtenir une majorité absolue ou confortable qui leur permettrait de former un gouvernement. L’affaire se termine par une balkanisation qui n’est pas sans rappeler le précédent de la Quatrième République en France, en scène et la domination de l’Assemblée nationale (Parlement).

De nombreux hommes politiques et leaders d’opinion poussent un soupir de soulagement ; Car les élections n’ont pas consacré le parti du Rassemblement National, mais ont plutôt plongé la France dans l’incertitude, puisqu’il n’existe aucun parti qui dispose de la majorité absolue et qu’il ne peut former une majorité que dans le cadre d’alliances hybrides, voire contre nature. Le président français Macron a dissous l’Assemblée nationale (Parlement) pour plus de clarté, mais les résultats ont accru l’ambiguïté.

Cependant, les récentes élections législatives françaises ne sont pas restées une affaire française ; ils ont attiré l’attention des Européens. Craignant la montée de l’extrême droite, connue pour son attitude sceptique à l’égard de l’Europe, les pays du Maghreb, notamment l’Algérie et le Maroc, se sont tournés vers elle, car elle avait un impact majeur sur les relations avec eux et sur leur communauté.

La fin des macaronis

Ce qui est frappant dans les récentes élections en France, c’est l’ampleur de la solidité des tendances populistes de gauche, que de nombreux analystes ignorent, le parti Nouveau Front populaire étant en tête des résultats électoraux, une semaine après la victoire du parti travailliste britannique, suggérant un retour au premier plan social Des préoccupations qui ont été occultées par le néolibéralisme, sa rhétorique et les options qui en découlent au nom de l’efficacité.

La deuxième conclusion est que ce n’est pas parce que le parti (d’extrême droite) du Rassemblement national a été vaincu qu’il a été vaincu, ce que Marine Le Pen a décrit comme une victoire tardive. L’échec du parti à prendre les devants sur la scène politique est dû aux alliances qui lui barrent la route et à la forte mobilisation pour inciter ceux qui ne votent pas à voter. Mais il est impensable d’imaginer la vie politique future en France sans le Rassemblement National, son discours et ses références.

Quant à la troisième conclusion, c’est le déclin du centre ou de la troisième option, dont le pôle était le mouvement « en avant » du président Macron, et qui a été décrite par certains politologues comme la nouvelle politique qui, pour des raisons techniques, s’appuie sur sur les partis et les intermédiaires Les commissions s’appuient sur des solutions aux problèmes politiques. Les récentes élections ont mis fin au soi-disant macronisme.

La nouvelle politique, qui privilégie l’approche technique et dont Macron est le visage brillant, a révélé ses défauts, et des écrivains français influents ont unanimement blâmé le président Macron, qui est sorti faible des dernières élections. La coalition présidentielle « Ennahda » a su résister et se remettre de sa défaite, évidente aux élections européennes, mais sa reprise est temporaire et signifie la fin de la politique centriste ou du faux consensus, comme l’a dit Chantal Mouffe, de gauche, théoricienne populiste, l’appelle.

Plus important encore, les résultats des récentes élections mettent les institutions françaises à l’épreuve. Cela a conduit à un affaiblissement du président qui, selon ses dires, a décidé de dissoudre le Parlement pour des élections anticipées dans un souci de clarté, mais, ce faisant, n’a fait qu’empirer les choses et compliquer la situation. Quels que soient les scénarios, la question se traduira par un « Premier ministre » faible parce qu’il ne dispose pas de majorité et une Assemblée nationale (Parlement) faible parce qu’elle est divisée. Des institutions fortes ne peuvent pas être créées en rassemblant des forces faibles, comme le dit l’hebdomadaire Le Point.

Ainsi, pour de nombreux leaders d’opinion en France, la grande question est celle du sort de la Ve République, la technique constitutionnelle que de Gaulle a introduite en 1958 pour mettre fin à la fragmentation de la scène partisane et à l’instabilité gouvernementale. En effet, selon les analystes français, tous les indicateurs remontent à la Quatrième République, c’est-à-dire à l’instabilité du gouvernement.

La France peut-elle réussir le test des institutions de la constitution actuelle, ou la fragmentation et l’ingouvernabilité des partis aboutiront-ils à une paralysie des institutions existantes et conduiront-ils à une nouvelle architecture constitutionnelle, ce qui signifie qu’une sixième république se profile à l’horizon ?

Le plus grand test des institutions de la Cinquième République a eu lieu en 1986, lorsque le « Rassemblement pour la République » (de droite) dirigé par Jacques Chirac a gagné avec un président socialiste (Mitterrand) et qu’un soi-disant « accommodement » s’est produit, et Des « accommodements » vécus avec Mitterrand et Balladur puis avec Chirac et Jospin (à gauche), sans affecter le fonctionnement des institutions.

Une crise structurelle profonde

Mais nous sommes désormais confrontés à quelque chose de nouveau, à savoir le déplacement du poids vers le Parlement, avec la possible instabilité et la faiblesse du gouvernement que cela peut entraîner. C’est un scénario qui n’est pas sans rappeler le cas de l’Italie, qui a souffert de la « balkanisation » du Parlement. Cependant, l’Italie a surmonté cette situation grâce à Mario Draghi, qui a réussi. Il rassemble les chiffons, mais la France ne dispose pas d’une figure unanime comme Mario Draghi, que les faiseurs d’opinion en France expriment avec beaucoup de tristesse et de peur de l’inconnu.

La grande question qui se cache derrière les considérations constitutionnelles est la suivante : malgré une croissance négative, une situation sociale tendue et une situation archipélagique, comme la qualifient certains sociologues, la France a-t-elle des composantes sociales ségréguées au niveau régional, culturel et de classe ? Aspects ?

Le saut dans l’inconnu qui a conduit aux récentes élections sera-t-il un catalyseur de la reprise espérée par de nombreux hommes politiques et leaders d’opinion ? Mais aucun don n’arrive sans une vision de l’avenir et sans les hommes pour porter cette vision. Ou bien la crise constitutionnelle n’est-elle que la pointe de l’iceberg d’une profonde crise structurelle ?

La France, comme le dit le philosophe français Régis Debray, voyage traditionnellement en première classe avec un billet de deuxième classe. Est-il temps pour elle de revenir à sa position normale de voyage en deuxième classe, de puissance moyenne avec des rôles moyens plutôt que de puissance moyenne voulant jouer de grands rôles ?

Les opinions exprimées dans l’article ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale du réseau Al Jazeera.

Édith Desjardins

"Nerd du Web primé. Sympathique expert de l'Internet. Défenseur de la culture pop adapté aux hipsters. Fan total de zombies. Expert en alimentation."

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *