Le « complexe colonisateur et colonial » entre la France et l’Algérie… et les raisons du refus de Macron de s’excuser

Le président français Emmanuel Macron refuse de « demander pardon » pour l’histoire coloniale de la France en Algérie tandis que son homologue algérien insiste sur les excuses de Paris pour l’époque qui s’étend sur plus de 132 ans, tandis qu’un expert du site Al-Hooray révèle les raisons de l’insistance de chaque côté sur leur position.

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Mercredi, Emmanuel Macron a confirmé qu’il ne demanderait pas « pardon » aux Algériens pour la colonisation française de leur pays, mais il espère recevoir son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, à Paris cette année pour poursuivre avec lui l’acte de mémoire et de réconciliation. travail entre les deux pays.

« Je n’ai pas à demander pardon, ce n’est pas le but », a déclaré Macron dans une interview détaillée publiée par l’hebdomadaire français Le Point mercredi soir.

Le président français a souligné que « la pire chose qui puisse arriver, c’est de dire, on s’excuse et chacun passe son chemin », soulignant que « le travail de mémoire et d’histoire n’est pas un état des lieux de calcul », mais au contraire. « 

Il a expliqué que le travail de mémoire et d’histoire « c’est reconnaître qu’il y a des choses qui ne se décrivent pas, des choses qui ne se comprennent pas, des choses qui ne se prouvent pas, des choses qui ne se pardonnent pas », selon l’Agence France Presse.

Dans l’interview, le président français a déclaré: « J’espère que le président Tebboune pourra venir en France en 2024 » pour « poursuivre le travail d’une amitié sans précédent » après que Macron lui-même s’est rendu en Algérie en août 2022.

Les initiatives de Macron

En 2017, le candidat à l’élection présidentielle de l’époque, Macron, a qualifié le colonialisme français de « crime contre l’humanité. » Sa déclaration a provoqué un tollé en France et suscité l’espoir en Algérie qu’elle rapprocherait les deux pays de la réconciliation.

Mais après son élection, le président français a adouci ses propos.

En 2020, l’Algérie a reçu sans enthousiasme un rapport de l’historien français Benjamin Stora, préparé sur la base d’un mandat de Macron, dans lequel il appelait à une série d’initiatives pour parvenir à la réconciliation entre les deux pays.

Le rapport ne contenait aucune recommandation d’excuser ou d’exprimer des remords, ce que l’Algérie a demandé à plusieurs reprises, selon l’Agence France Presse.

Macron a redoublé d’initiatives dans le dossier de la mémoire, reconnaissant la responsabilité de l’armée française dans l’assassinat du mathématicien Maurice Audin et de l’avocat national Ali Boumendjel lors de la « Bataille d’Algérie » de 1957.

Macron a dénoncé les « crimes injustifiés » commis par l’armée française lors du massacre du 17 octobre 1961 de manifestants algériens à Paris.

Bien qu’il ait condamné le meurtre de dizaines d’Algériens par la police française lors d’une manifestation à Paris en 1961 et qualifié l’incident « d’impardonnable » en 2021, il a refusé de présenter des excuses à l’État pour le passé colonial de la France, selon un article de journal.Politiquement« .

Malgré ces initiatives, les excuses que l’Algérie attendait de la France pour sa colonisation ne se sont pas concrétisées.

Pourquoi la France refuse-t-elle de s’excuser ?

Le professeur de droit international Ayman Salameh confirme que la France rejette l’apologie officielle de l’ère coloniale de l’Algérie pour trois raisons « historiques, juridiques et financières ».

S’adressant au site Al-Hurra, il affirme que les aveux, les excuses, les satisfactions ou les promesses de poursuivre les responsables ouvriront la porte à la poursuite de la France devant les tribunaux algériens ou français ou d’autres tribunaux étrangers dans des pays représentant le « principe de compétence universelle ».

« Les crimes internationaux commis par l’État français et ses autorités en Algérie étaient nombreux et variés, allant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au génocide de la famine en 1868, qui a tué un demi-million d’Algériens cette seule année », dit le Hadith de Salama.

Salameh note que la reconnaissance française signifie verser une « juste compensation financière » aux Algériens et à leurs familles qui ont été victimes de crimes de guerre commis par les autorités françaises lors de leur occupation de l’Algérie.

Et en cas de reconnaissance officielle française, « l’histoire » retiendra que la France a commis les crimes et demandé pardon pour eux, s’excusant auprès des Algériens pour « les crimes internationaux imprescriptibles », selon Ayman Salameh.

Et l’Algérie ?

Le 10 octobre 2021, le président Tebboune a déclaré dans une interview à des membres de la presse nationale, diffusée à la télévision d’État algérienne, que les excuses de la France à l’Algérie étaient « une dette envers lui ».

Posté par ‎Télévision Algérienne – l’institution publique de la télévision algérienneau dimanche 10 octobre 2021

Le 22 décembre 2022, Tebboune a réitéré que « le conflit entre l’Algérie et la France peut être résolu, mais sans autorisation dans le fichier de sauvegarde ».

Il a souligné que « ce dossier est traité avec tous les moyens modernes » et a déclaré que « l’histoire est l’histoire et personne ne peut la voir », selon le journal.Jour« L’Algérien.

Le voyage de Macron en Algérie en août a permis de relancer les relations bilatérales après la crise déclenchée par les propos du président français en octobre 2021 accusant le « système militaro-politique » algérien de faire créer une « retraite mémorielle », et remettant également en cause l’existence d’une nation algérienne avant le colonialisme, selon Pour « Agence France Presse ».

Fin décembre 2022, le président algérien a salué les nouvelles « relations de confiance » entre la France et l’Algérie et son « amitié mutuelle » personnelle avec Macron comme un nouveau signe du retour de la chaleur dans des relations bilatérales souvent troublées. selon « AFP ».

A l’époque, dans une interview au journal Le Figaro, Tebboune exprimait son désir d’une « nouvelle ère » avec la France, six mois après la visite de son homologue français dans la capitale Alger.

De son côté, il a annoncé qu’il effectuerait une visite d’Etat en France en 2024, affirmant « nous avons une certaine entente » avec le chef de l’Etat français.

Le président algérien avait alors déclaré : « La France doit se libérer du complexe colonial et l’Algérie du complexe colonial ».

Complexe colonial et colonialisme

La question des excuses de la France pour son passé colonial en Algérie, qui s’étend de 1830 à 1962, est au cœur des relations bilatérales et des tensions récurrentes entre les deux pays, selon l’Agence France Presse.

Après la signature du contratÉvianLe pays d’Afrique du Nord a obtenu son indépendance de la France en mars 1962

L’Algérie, l’ancienne colonie française, a obtenu son indépendance après une guerre de huit ans de 1954 à 1962 et a coûté la vie à des centaines de milliers de personnes, la plupart du côté algérien, selon un rapport du magazine Politico.

Quelque 1,42 million de Français ont participé à cette guerre entre 1954 et 1962, dont un million de conscrits et 300 000 aides de camp, selon les chiffres de l’Elysée.

Selon « AFP », 23 196 soldats ont été tués dans la guerre d’Algérie, dont plus de 15 000 dans des combats et des attentats, et environ 60 000 ont été blessés.

Après l’indépendance, les Français ont fait face à des informations sur des actes de torture commis par l’armée française pour écraser la révolution menée par le Front de libération nationale en Algérie, selon l’Agence France Presse.

La brutalité de la guerre, qui comprenait également des exécutions et la torture de « nationalistes algériens », a eu un impact durable sur la politique et la société françaises et reste un sujet très sensible en France, selon Poltechio.

Les historiens français disent qu’un demi-million de personnes ont été tuées dans la guerre, dont 400 000 Algériens, tandis que les autorités algériennes disent que la guerre a fait un million et demi de victimes, selon un rapport antérieur du journal « PoliteQ« .

Le 5 juillet 1962, 99,72% des Algériens ont voté lors d’un référendum pour l’indépendance, mettant fin à la « réglementation coloniale française » de l’Algérie, mais les souvenirs de l’occupation de 132 ans jettent encore une ombre sur les relations franco-algériennes, selon « Radio France Internationale« .

Pourquoi l’Algérie insiste-t-elle pour s’excuser ?

Selon le hadith de Salama, l’Algérie insiste sur des «excuses officielles françaises» pour ouvrir la porte à des négociations diplomatiques et juridiques entre les deux parties pour exiger la France de l’État sous toutes les formes de compensation, y compris financière, et un engagement à ne pas répéter l’avenir .

Au cas où la France présenterait ses excuses, tous les Algériens et en particulier les victimes de crimes qualifiés de « contre l’humanité » tels que meurtres et tortures dans les trois villes algériennes « Guelma, Sétif et Kharta » tuées lors des manifestations de 1945, ont le droit de poursuivre la France.

Salameh déclare : « Le gouvernement algérien veut faire éclater la vérité pour les citoyens et en particulier pour les victimes algériennes du colonialisme et leurs familles ».

Félix Germain

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